Chaque jour, Nadia Daam vous présente son coup de patte personnel.
Nadia Daam a un plaisir coupable dans la vie. Quand elle s’ennuie, elle adore aller sur internet pour savoir ce que sont devenues les célébrités dont elle était fan quand elle était enfant ou adolescente, c’est-à-dire les années 90/2000. C’est une passion partagée par beaucoup d’entre nous. On s’est tous demandés au moins une fois "tiens ! qu’est-ce qu’elle est devenue Larusso?".
Régulièrement, Nadia Daam mène sa petite enquête, c’est comme ça qu’elle sait que la moitié du casting de La petite maison dans la prairie est décédée, la deuxième moitié est scientologue. Que Georges-Alain de la Star ac’ est devenu commentateur sportif mais qu’il a l’intention de sortir un album car "il n’a pas renoncé à la musique". Alors que clairement, la musique avait renoncé à Georges-Alain.
C’est comme ça que Nadia Daam a découvert qu’en 2018, les Spice Girls se reforment. Un nouvel album et une émission télé seraient en préparation.
On va attendre un peu avant de s’emballer, C’est au moins la douzième fois qu’on nous annonce le come-back du girls band sans que ça ce soit concrétisé. Ce qui est bien c’est que ce sont essentiellement les femmes qui espèrent le retour des Spice girls. Or nous, on gère hyper bien la déception et les rendez-vous manqués. Le retour des Spice girls, les collants qui ne filent pas, les orgasmes vaginaux et l’accouchement sans douleur, on sait que c’est possible, mais on attend de voir.
Si ce sont les femmes qui espèrent le retour des Spice girls, c’est parce que c’est un groupe de femmes qui a intégré le girl power dans la culture pop, que leur titre phare est un hymne féministe et qu’il correspond à un moment précis dans nos vies d’êtres utérins nées sous Giscard. Le jour où on a entendu ça, on avait 14/15 ans, les dents pas alignées, un problème de sébum et un chouchou dans les cheveux.
La première fois qu’on a entendu "Wannabee" des Spice girls, on s’est toutes dit la même chose : les Spice girls avaient chacune un archétype : la sportive, la baby-doll, la sauvage, l’ingénue un peu concon, la rousse fofolle, la précieuse qui croit qu’elle est chic alors qu’elle porte des collants chair. Chaque ado pouvait se reconnaître en l’une d’elles sans que ça ne repose sur une réalité tangible. Par exemple, Nadia Daam était Sporty Spice, la sportive en survet, alors qu’elle se faisait un claquage en faisant des pas chassés.
Et c’est un hymne féministe parce que les paroles de la chanson, que les filles ont rédigées elles-mêmes, ont une profondeur émancipatrice : "Si tu veux être mon amant, tu dois bien t'entendre avec mes amis, Car recevoir c'est trop facile, je ne précipiterai rien, je te donnerai une chance. Mais si tu m'emmerdes vraiment alors c'est au revoir".
On est d’accord, c’est pas du Olympe de Gouges mais ces filles-là dégageaient un féminisme joyeux, conquérant et sexué qui se fichait bien d’être vulgaire ou bruyant. La chanson est tellement efficace que des chercheurs l’ont analysé et conclu que c’ était la plus accrocheuse de l’histoire, puisqu’on la reconnait au bout de deux à trois secondes en moyenne. C’est mieux que "Mambo n°5" de Lou Bega, un autre chanson à texte sur laquelle on danse bourré aux mariages en faisant semblant de connaître les paroles. Parce qu’avouons-le, le grand intérêt de "Wannabee" des Spice girls c’est quand on fait du yaourt.