Chaque jour, Nadia Daam vous présente son coup de patte personnel.
L’heure de retrouver le billet de Nadia Daam pour un billet consacré ce mercredi au retour du cinéma en Arabie Saoudite après 35 ans d’absence.
L’Arabie Saoudite envoie depuis quelques mois des signes de changement, de modernisation. On part de très loin, mais le prince Mohammed Ben Salmane a enfinpermis aux femmes de conduire. La loi n’entrera en vigueur qu’en juin 2018, ça leur laisse le temps de se préparer psychologiquement aux blagues sur les femmes au volant.
Autre avancée, pour la première fois depuis 36 ans, les Saoudiens vont enfin pouvoir retourner au cinéma. Lesquels étaient interdits depuis une loi de 1982, parce qu’accusés d’encourager les interactions entre les hommes et les femmes. Le 11 décembre dernier, le royaume a annoncé la levée de l’interdiction et l’ouverture de 300 salles obscures. Ça reste l’Arabie saoudite, donc chaque film doit passer devant un comité de censure. Et hier, on a appris quels seraient les premiers films que les Saoudiens vont pouvoir visionner légalement.
Évidemment, on est pas si cons on ne s’attendait pas à ce que le premier long-métrage diffusé en Arabie saoudite, ce soit 50 shades of grey. Quand tu n’es pas au cinéma pendant 35 ans, voir sur grand écran une fille se faire besogner sur un clavier bontempi, ça peut faire un choc. Même nous, en France, quand on va voir 50 nuances de grey au cinéma, on demande nos places à l’ouvreuse en chuchotant comme quand tu demandes une crème anti-fongique à la pharmacie, alors, on ne juge pas.
Sans surprise non plus, ce ne sera pas un film politique qui aura la primeur. Non, le comité de censure a choisi d’y aller en douceur dans sa façon d’introduire nos meurs dégénérés d’occidentaux dans le pays, et le premier film diffusé en Arabie Saoudite, sera Le Monde secret des emojis. Un long métrage que je qualifierai, comme on dit dans les cahiers du cinéma, de "film coup de poing", parce que ça fait physiquement mal de payer 10 euros pour s’infliger ça.
En termes d’intensité dramatique et d’effets spéciaux, on est entre la pub M&M’s et ce moment ou ta box télé freeze. On parle quand même d’un film dont l’un des personnages principaux est un emoji caca. Je vous donne quand même le pitch.
L’intrigue se passe dans un smartphone où vivent les emoji. L’émoji prénommé Bof a plusieurs expressions contrairement à ses copains emojis qui n’expriment qu’une émotion. Il va donc tout faire pour devenir normal en passant d’appli en appli.
Pardonnez-leur, les frères lumières, ils ne savent pas ce qu’ils font. Il y a un autre film qui a passé le filtre de la censure et qui sera diffusé en Arabie saoudite. C’est aussi un film d’animation : Capitaine superslip , l’histoire d’un prof en slip. Si vous ne connaissez pas, c’est normal, il n’est resté que quatre semaines à l’affiche dans les salles françaises. Même un herpès dure plus longtemps.
Vous avez voulu le cinéma, vous l’avez.