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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Un bonbon dur à avaler. La loi Zan, zéro artificialisation nette, votée en 2023 se déploie. Et elle a un goût très amer.

Le but de cette loi de 2023, c’était de réduire de moitié, puis de stopper d'ici à 2050, les  artificialisations de sols, pour des constructions immobilières ou industrielles. Une loi qui part d’une bonne intention, sans doute... mais qui a été rédigée de façon radicale. Dès sa discussion, les milieux économiques, les maires ont alerté sur ses conséquences. On y est.

Un article paru sur le site de France 3 Midi-Pyrénées résume la situation. Il raconte comment la loi est en train de priver Airbus et tout le secteur aéronautique de possibilités de développement dans la région, faute de foncier, avec un risque de délocalisation.

Le plus ironique de l’affaire est que l’élu qui lance l’alerte, le député centriste Jean-François Portarrieu a lui-même voté la loi.

Il ne le regrette pas, dit-il, il en est même fier... Mais il a tout de même posé cette question au Gouvernement la semaine passée à l’Assemblée : "Airbus a enregistré une commande exceptionnelle de 2100 appareils A320/A321, beaucoup sont assemblés à Toulouse. Les entreprises toulousaines du secteur sont confrontées à un nouveau problème, avec un manque de foncier disponible pour se développer."

Oh ben ça alors, si on avait pu prévoir ! L’élu devait dormir pendant les débats, parce qu’il affirme à France 3 : "J'alerte le gouvernement, mais aussi les entreprises de la région, pour qu'elles se réveillent. Il ne faudrait pas que, dans 3 ou 4 ans, Airbus ne puisse plus construire de ligne d'assemblage à Toulouse. “ et le député Portarrieu tout candide d’ajouter : “ d'autres ne se gêneront pas pour les accueillir, la Chine par exemple". C’est vrai ça, pourquoi réfléchir avant aux conséquences de son vote quand on peut se plaindre après.

D’autant que ça ne va pas aller en s’arrangeant.

Non. La loi Zan doit aller en se resserrant. Il sera de plus en plus compliqué pour les entreprises de se développer hors des zones existant déjà. Le problème, pour beaucoup d’élus locaux, c’est que ces friches ont été gagnées par la ville et que plus personne ne veut d’usines au milieu des maisons, ça semble insoluble.  Et d’ailleurs, ça vaut aussi pour les logements. Dans de nombreuses régions, on est en train de découvrir les ravages de la loi. On ne sait plus où mettre les projets immobiliers.

Et pour Airbus, ça pourrait s’arranger ?

Pour l’instant, le groupe semble pouvoir faire en réorganisant ses propres sites, mais ça aura ses limites. Il peut aussi viser certains terrains autour de l’aéroport de Blagnac, mais il n’est pas certain qu’ils restent constructibles longtemps. Les marges de manœuvre sont faibles... Parce que j’ai gardé le meilleur pour la fin ! L’Etat prévoit des dérogations de constructions sur 125.000 hectares pour des entreprises qui portent un "projet d'intérêt national". Mais le groupe Airbus, comme toute l'industrie aéronautique, n'en fait pas partie.  Bah oui, l’aéronautique, un de nos premiers postes d’export, ça n’est pas d’intérêt national.