Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Des nouvelles de l’Absurdie énergétique - ou plutôt de Belgique. Le pays a été contraint, ces derniers jours, d’utiliser des moteurs de Boeing 707 pour alimenter son réseau électrique
Il m’arrive parfois de ressentir une immense, immense fatigue lorsque je prépare cette chronique. Et c’est ce qui m’est arrivé hier en lisant cet article du Vif, le premier hebdomadaire de Belgique. Un article qui raconte comment nos voisins confrontés à un déséquilibre fort de l’offre et de la demande d’électricité à cause du froid ont dû alimenter le réseau en faisant tourner des turbojets, autrement dit, des moteurs de Boeing 707 fonctionnant au kérosène.
C’est cher, c’est peu efficace, c’est surtout polluant et ça dégage du CO2... mais la Belgique n’a pas le choix. L’opérateur Engie a dû répéter cette manoeuvre plusieurs fois depuis le début de l’année, pour éviter que le réseau claque.
Mais pourquoi donc ?
La magie de la transition énergétique à la Belge ! Le pays a décidé de sortir du nucléaire, au nom de l’écologie, il a déjà fermé 3 de ses 8 réacteurs. En pariant que les énergies renouvelables suffiraient à fournir assez d’électricité. On allait voir ce qu’on allait voir. Le plan qui se révèle aussi solide que du beurre rôti à la broche.
Vue la météo, il n’y a quasiment aucune offre d’énergie renouvelable. La production électrique des centrales à gaz tourne à plein régime pour faire face aux températures froides. Mais quand un des réacteurs nucléaire restants a été mis à l’arrêt pour une panne... Panique à bord. Plus assez de jus. Pour éviter de devoir acheter de l’énergie très cher à cause du déséquilibre offre-demande, la Belgique fait tourner des moteurs d’avions en guise de génératrices bien cracra pour alimenter son réseau. Oui, c’est à se taper la tête contre les murs.
Décidément, les transitions énergétiques sans nucléaire ne se passent pas très bien.
En Allemagne, ça tourne à la Berezina. La météo sans vent, sans soleil, laisse les éoliennes figées et les panneaux solaires éteints, L’Allemagne a même inventé un mot pour ça : Dunkelflaute, marasme sombre. Pour compenser, on crame du gaz et du charbon à tour de bras, on produit CO2 et particules fines à gogo. Hier, l’électricité allemande produisait au kwheure 7 fois plus de CO2 que l’électricité française. L’électricité belge, 4 fois plus.
Pour finir une bonne nouvelle ?
Oui : en 2024, en moyenne, 95% de l’électricité française était décarbonée en moyenne. 70% de notre électricité est nucléaire. Ca va encore s’améliorer avec la montée en puissance de Flamanville. Il va falloir le dire une bonne fois pour tous : l’idéologie antinucléaire en Europe est un crime, un crime contre le climat, un crime contre le bon sens. Cette histoire belge grosse comme un avion en est une nouvelle preuve.