Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Emmanuel Macron se rend ce mardi au musée du Louvre. Sa présidente Laurence des Cars, a adressé une note à la ministre de la culture pour alerter sur sa vétusté. Chronique picturale ce matin.
Qui commence par un tableau assez apocalyptique : obsolescence des équipements, avaries dans les salles d’exposition dont certaines prennent l’eau. Ascenseurs et des escalators perpétuellement en panne. Lors des grandes vagues de chaleur, la verrière de la pyramide de Pei crée un effet de serre, ce qui met en danger les oeuvres. Il faudrait 100 millions de travaux urgents et 500 millions pour le remettre à niveau, un budget que l’Etat n’a pas pas. (Illustration : les mendiants, Brueghel l’ancien, salle 1, aile Napoléon)
Faut-il désespérer du Louvre ?
Certainement pas ! Evidemment, à écouter les syndicats du Louvre, c’est le Radeau de la Méduse de Géricault, (salle 700, aile Denon). Mais une des réponses est dans le problème. Le Louvre est le musée le plus fréquenté au monde. Presque 9 millions de visiteurs l’an passé, en 2024, et 10 millions avant le covid, un niveau qu’il retrouvera en 2025. Oui, ça fatigue les équipements. Le passage incessant use le musée ; L’entrée sous la grande pyramide est saturée. Oui, les équipements de restauration, les sanitaires sont sous-dimensionnés. Mais ce sont là des soucis de riches.
Le Louvre se plaint pour rien ?
Non ! Mais s’il n’est victime, ce n’est que de son succès. Le vrai drame serait que tout le monde s’en désintéresse. Le Louvre fascine, il est une des raisons pour lesquelles des touristes du monde entier visitent la France. Et cela doit être pour lui une source de ressources financières plus importantes. Les revenus du Louvre, en 2023, c’étaient une centaine de millions d’euros de l’Etat, et 160 millions d’euros de billetterie, de mécénat, de location des espaces, plus 83 millions de vente de la licence (le fameux Louvre Abu Dhabi). On peut sans doute faire mieux que ça... Illustration : Le Triomphe de la Richesse, Hans Holbein le jeune, département des Arts graphiques
En faisant payer l’entrée plus cher ?
Par exemple. Pour lever des fonds, le musée peut s’appuyer davantage sur le mécénat - les musées américains le font volontiers, mais en France, on a des pudeurs de gazelle. On peut aussi augmenter le tarif d’entrée. C’est une piste pour 2026... Mais on peut le faire de façon différenciée, piste soulevée par la ministre de la culture Rachida Dati. On peut estimer que les citoyens français et européens paient déjà pour le Louvre avec leurs impôts. Mais les visiteurs du reste du monde peuvent contribuer plus à l’entretien, à la modernisation d’un trésor dont ils profitent comme d’un patrimoine commun à l’humanité. La CGT du Louvre dénonce une politique "discriminatoire" : ce qui revient à sacraliser l’art... Mais en lui refusant les moyens de demeurer sacré (illustration : la nef des Fous, Jérôme Bosch, salle 1, aile Napoléon). Moi, je suis plus tentée d’y voir une façon de sauver l’essentiel, de donner au musée les moyens d’accueillir largement tous ceux qui veulent s’émerveiller, en faisant contribuer tous ceux qui en profitent. Autrement dit, on peut avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la Joconde. (qui sot dit en passant, va avoir besoin d’une nouvelle mise en scène).