Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Mayotte est dévasté, sans télécommunications, sans électricité et sans eau. L'eau était, avant même le drame, un problème récurrent dans la vie des Mahorais.
Mayotte est une île de pénurie, qui court après l'objectif inatteignable de fournir de l'eau potable en quantité suffisante pour les habitants. 320 000 Français, autant d'étranger dont une moitié de clandestins. Et pour cause, la population ne cesse d'augmenter, 3 % par an.
L'île produit 39000 mètres cubes d'eau potable par jour, les besoins sont de 45.000. Il y a donc des coupures tournantes dans les communes de l'île. Cela s'est aggravé depuis de la sécheresse en 2023, car l'eau utilisée à Mayotte est essentiellement de l'eau de surface, aux trois quarts. La population subit des coupures un jour sur trois. Des villages sont régulièrement privé d'eau plusieurs jours d'affilée.
Pou tenter d'améliorer la situation, l'île a construit une usine de dessalinisation, mais elle menace de surcharger le lagon en sel.
L'habitat insalubre n'arrange rien.
Dans les habitats légaux, seuls sept foyers sur dix ont un robinet. Pour les 40 % d'habitat informel de Mayotte, autant dire constitué de bidonvilles, l'accès à l'eau potable est totalement aléatoire, dépendant de fontaines payantes ou inexistant pour 40 000 personnes.
Il faudrait, selon la cour des comptes un énorme effort de 600 millions d'euros de la part du syndicat mixte local pour arriver à un niveau suffisant de production et d'aduction d'eau dans l'île en 2040. Problème, il ne les a pas et il n'a visiblement pas non plus les compétences pour mener un tel chantier. En 2022, l’État a proposé de prendre une partie des coûts en charge, contre la reprise en main de la maîtrise d'ouvrage, la collectivité avait refusé. Elle a un peu assoupli sa position depuis la grande crise de l'eau de 2023
Et pour l'assainissement ?
C'est tout aussi insuffisant. Il y a 33 stations d'épuration à Mayotte, ce qui est insuffisant, et en plus, elles ne fonctionnent pas bien. Pour ne rien arranger, une partie des habitations légales n'y sont pas reliées, sans parler bien sûr des bidonvilles qui ne cessent de grossir. Le parc naturel marin de Mayotte s'en alarme. D'énormes masses d'eau polluées ruissellent chaque jour dans le lagon.
Evidemment, cela pose des problèmes sanitaires.
Oui, après la crise de l'eau de 2023, Mayotte a connu une épidémie de choléra qui a touché des centaines de personne et fait cinq morts. Due a une bactérie qui se trouve dans des eaux souillées. C'est une conséquence directe du manque d'eau potable : les habitants se servent dans les rivières. Il a fallu une campagne de vaccination massive pour endigue l'épidémie.
Et cela, c'était avant l'ouragan Chido.
Oui, on peut maintenant craindre le pire : plus d'eau potable courante, plus d'assainissement, de la boue et des décombres partout, des déverements de substances toxiques dans le sol, qui vont polluer la ressource. Les ingrédients sont réunis pour une nouvelle crise sanitaire.