Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Emmanuelle Ducros, toujours en direct du salon de l'agriculture, qui se tiendra jusqu'à dimanche porte de Versailles a Paris. Vous nous parliez ce matin d'une petite filière émergente et surprenament locale.
Il est sans doute un peu tôt pour cela, Dimitri, mais je vous parle ce matin du whisky français. Une filière mal connue, mais en plein développement et qui valorise très bien les productions nationales. La France est le premier pays au monde pour la consommation de whisky. Le marché est historiquement dominé par les acteurs anglo-saxons, écossais, américain dans la variante bourbon ou Irandais... Mais notre production connaît une croissance très élevée ces dernières années.
On peut en produire en France?
Oui, on peut en produire partout, à condition de répondre aux définitions d'un réglement européen. C'est une eau de vie de céréale, vieillie au moins trois ans dans des futs de bois et sans ajout de sucre. Il n'y a pas de périmètre géographique défini. Et dans les années 80, on a commencé à faire du whisky en Bretagne, et maintenant, on compte 130 distilleries en France, sur absolument tout le territoire. Et il y a des raffinements .Depuis janvier 2015, les whiskies bretons et alsaciens bénéficient d’une Indication géographique protégée.
La Frace a tout pour devenir une terre de whisky
La France, c'est une grande terre de céréales. Des céréales qui servent à faire de la bière, quand on parle d'orge maltés. Les producteur s de whisky se sont implantés près des brasseries, car ils utilisent souvent les moûts qui en sont issus. J'ai aussi rencontré des producteurs agriculteurs qui valorisent les produits de leur ferme en whisky, eux-mêmes, qui jouent avec leurs différentes productions. 90% des céréales utilisées dans les whiskies français, que ce soient des orges, du seigle du blé du maïs ou du sarazin sont français. C'est bien mieux que ce que font les rois du whisky écossais, qui, eux doivent importer des céréales, souvent de France d'ailleurs, car ils sont loin d'en produire assez. La France a aussi le reste : les techniques de distillation, grâce à son secteur des spiritueux puissant, et tout le reste par exemple, le savoir-faire en tonellerie et aussi les palais bien éduqués. C'est surprenant, le whisky, c'est extrêmement circuit court.
Et ça marche bien, ce whisky français?
Très. Ces spiritueux se sont taillés une bonne réputation de créativité. Ils ont bien su se différencier avec une " french touch", un style français.
Entre 2010 et 2023, les ventes de whisky français ont été multipliées par 7
Même s'il y a eu un petit tassement de la croissance l'an passé, avec l'inflation, c'est la seule origine dont les ventes progressent en grande surface et en distribution spécialisée. Et pourtant on parle de bouteilles qui coûtent entre 40 et 75 euros la bouteille. On a dépassé les 2 millions de boutielles vendues l'an passé. 13% des ventes se font à l'export, le whisky français se vend très bien aux Etats-Unis et en Asie.