Chaque matin, Axel de Tarlé décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.
On va bientôt savoir combien gagne ses collègues de travail, dans les entreprises !
Les députés ont adopté un amendement sur la "transparence salariale".
Bruno Le Maire est favorable à cette transparence salariale au nom de la cohésion dans l'entreprise. "Pour éviter, dit-il, qu'on se retrouve comme aux États-Unis avec des écarts énormes entre le PDG et les salariés".
Concrètement, comment ça va se passer ? on va commencer en douceur. D'abord, cette mesure ne concernera que les grandes entreprises, celles qui sont cotées en Bourse. Puis, on ne va pas publier les fiches de paie de chaque salarié. On va seulement rendre public, le salaire moyen dans l'entreprise et le salaire médian. Chacun pourra ainsi savoir s'il fait parti des 50% les mieux payés ou s'il est dans l'autre moitié, les moins bien payés.
Cette "transparence salariale" a été mise en place aux États-Unis. Est-ce qu'elle a eu des résultats ?
Pas tellement et surtout, elle peut avoir des effets pervers et créer de la frustration plutôt que de la cohésion.
Car, c'est la nature humaine, on a tendance à surestimer son travail ou son importance dans l'entreprise. On peut donc trouver injuste d'être mal payé.
C'est ce que montre très bien une étude de la Harvard Business Review, dans une entreprise, la quasi-totalité des salariés (92%) pense qu'il fait partie des 25% les plus performants de l'entreprise.
En clair, tout le monde a l'impression d'être dans le Top qui fait tourner la boite et ne comprendrait donc pas (ou vivrait comme une injustice) le fait de ne pas figurer parmi les plus hauts salaires.
Attention à l'effet Boomerang !
C'est exactement ce qui s'est passé avec les salaires des grands patrons.
De la même façon, par souci de transparence, on a demandé aux grands patrons de publier leur rémunération, espérant ainsi mettre fin à l'envolée des salaires des PDG. On a justement eu le contraire, on a accéléré l'envolée.
Que s'est il passé ? Les PDG du CAC 40 qui étaient les moins bien payés l'ont très mal pris quand ils ont vu que tel ou tel patron gagnait deux fois plus qu'eux. Ils se sont donc fait augmenter et on a eu une course à l'échalote sans fin vers le toujours plus.
C'est dire s'il faut manipuler avec précaution ces histoires de salaires qui, forcément, reste un sujet très sensible.