Chaque jour, Anne-Laure Jumet fait un point sur l'économie.
Anne-Laure Jumet remplace Axel de Tarlé du 22 au 26 octobre 2018.
Le forum économique de Ryad, que certains baptisent le "Davos du désert" s'est ouvert ce mardi, avec beaucoup d'absents en raison de l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Mais un patron français avait fait le déplacement.
Ce patron c'est Patrick Pouyanné, le PDG de Total. Et il a du se sentir un peu seul, alors que ses homologues d'EDF, de BNP Paribas, de la Société Générale, ou encore d'Uber, Virgin et Ford ont renoncé à s'y rendre.
Alors pourquoi a-t-il décidé de maintenir sa participation ? Patrick Pouyanné s'en est expliqué dans un message publié en anglais sur son profil Linkedin. " Total, dit-il, n'a jamais été en faveur des sanctions et de l'isolement et la politique de la chaise vide ne fait pas avancer les choses, notamment en matière de droits de l'homme."
Une forme de realpolitik, à contre-courant des positions exprimées ces dernières heures par le monde économique.
Il faut dire que Total a en ce moment intérêt à ne pas froisser l'Arabie Saoudite, troisième pays producteur de pétrole. Le groupe vient de signer un gros projet pétrochimique avec une société saoudienne. L'enjeu est capital selon un expert du secteur, car on a là une coopération technologique très poussée dans un domaine très prometteur.
Et la position du patron de Total n'est pas très éloignée de celle de la France.
Le ministre de l'économie Bruno le Maire a également annulé sa participation au forum économique de Ryad. Mais en coulisses, ça ne veut pas dire que le gouvernement rompt ses relations avec le Royaume, bien au contraire. Ce mardi, Emmanuel Macron a refusé de dire si comme l’Allemagne, la France allait suspendre ses ventes d’armes à l’Arabie Saoudite. Un silence qui en dit long : Paris n'a pas l'intention à ce stade de suivre Berlin.
Le royaume saoudien est en effet le deuxième client de la France pour ce qui est des exportations d'armes sur la période 2008-2017.
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Il convient donc d'être très prudent, décrypte une source proche du dossier, surtout qu'il y a derrière 165.000 emplois.
C'est pour cela que pour l'instant, la France avance groupée. Les déclarations faites jusqu'à maintenant dans cette affaire l'ont été avec l'Angleterre et l'Allemagne, histoire de neutraliser, selon cette même source, les risques de représailles économiques.