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Chaque matin, Etienne Lefebvre décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

5 milliards de dollars, c’est le montant record de l’amende qui va être infligée à Facebook.

Oui c’est l’épilogue de l’affaire Cambridge analytica. Souvenez-vous, c’est via cette société que l’équipe de campagne de Donald Trump avait mis la main sur les données de millions d’utilisateurs du réseau social. Alors que Facebook s’était engagé à protéger la vie privée de ses clients, et à leur demander des autorisations préalables. Le gendarme américain du commerce s’est enfin décidé à sévir – et son avis devrait être suivi par le ministère de la Justice. Jusque-là, l’amende la plus élevée infligée à un des géants du numérique n’était que de 22 millions de dollars, loin très loin des sanctions européennes. 8 milliards d’euros exigés de Google par exemple. On a clairement changé de dimension côté américain.

Et pourtant, l’action Facebook a augmenté suite à cette annonce !

Oui car en réalité, c’est une bonne nouvelle pour Mark Zuckerberg. D’abord, l’entreprise avait anticipé une telle amende, et puis, 5 milliards ce n’est pas grand chose par rapport à ses montagnes de bénéfices. 22 milliards de dollars sur la seule année 2018. Surtout, le jugement de l’anti-trust, dont on attend encore les détails, serait assez clément quant aux restrictions à venir concernant l’utilisation des données personnelles. Et ça, c’est le cœur du réacteur pour Facebook. D’ailleurs, les représentants démocrates, au sein du régulateur américain, ont voté contre cette décision. "Une simple tape sur la main", a fustigé l’un d’eux. Mais attention, Facebook n’est pas tiré d’affaire pour autant.

Pourquoi ?

Le réseau social est de plus en plus dans le viseur des autorités. Et il n’a pas arrangé son cas avec son projet de monnaie virtuelle, la Libra, qui pourrait concurrencer les banques, voire les Etats eux-mêmes. Les dirigeants de Facebook vont devoir s’en expliquer cette semaine devant le Congrès. Ils ne seront pas les seuls : Google, Amazon et Apple sont aussi convoqués. Tous sont accusés de pratiques anti-concurrentielles.

Jusque-là, les élus rechignaient à s’en prendre à des entreprises américaines. Donald Trump bataille ainsi contre la taxe Gafa française. Mais le vent est en train de tourner. Les auditions qui commencent ce mardi pourraient conduire à des réglementations plus strictes. Certains élus appellent carrément au démantèlement des géants du numérique. L’étau se resserre autour des Gafa.