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Chaque matin, Etienne Lefebvre décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

 

La Banque de France affirme que l’accès aux distributeurs de billets reste de "très bonne qualité". Ce n’est pourtant pas l’avis de nombreuses communes rurales.

Oui cette carte des "DAB" a été dévoilée hier pour calmer l’inquiétude des élus. Car c’est un fait, les banques réduisent leur réseau d’agences. Et le distributeur de billets qui disparaît, c’est un symbole de marginalisation, comme la fermeture d’une ligne de train ou d’un bureau de poste. C’est aussi une lourde perte pour les autres commerces. Alors que dit la Banque de France ? Que 99% des Français sont à moins d’un quart d’heure, en voiture, d’une commune disposant d’un automate. Cela relativise les choses. Mais il n’empêche, le nombre de distributeurs diminue : -5% en trois ans. Près de 200 communes ont ainsi perdu leur accès aux espèces depuis 2015, ça concerne 300.000 personnes.

Cela ne va donc pas suffire à calmer les inquiétudes

Sûrement pas ! Parce que les banques perdent de l’argent avec ces automates, qu’il faut sécuriser, et qui servent de moins en moins, car on utilise moins de cash. Les grandes manœuvres sont donc engagées pour réduire la note. Première solution : l’externalisation des "DAB". Le groupe BPCE, avec la Banque Populaire, la Caisse d’Epargne, vient de confier cette tâche à la Brink’s, le transporteur de fonds. Autre option poussée par l’Etat : la mutualisation entre banques. C’est ce qui se pratique aux Pays-Bas. Mais les groupes français en sont encore loin.

Dernière solution : faire payer les communes. Quand une agence ferme, la banque maintient l’automate, si le village participe. C’est ce qui s’est passé à Chamboulive, en Corrèze, un lieu emblématique de la révolte des "DAB".

Mais à terme, va-t-on se passer complètement d’argent liquide, et donc de distributeurs de billets ?

Alors les opérations en espèces baissent, de 2% par an, et ça va continuer avec le paiement sur mobile notamment. Mais le cash a encore de beaux jours devant lui : il reste le premier moyen de paiement pour les petits achats, et il est utilisé comme épargne de précaution – l’argent sous le matelas. Donc les banques vont continuer de payer pour les "DAB".

Mais attention, les grandes manœuvres ne s’arrêtent pas là. Les grands groupes en ont assez de voir les nouvelles banques en ligne, sans agence, profiter de leurs distributeurs. Ils vont donc quasiment doubler les commissions à payer en cas de retrait par un client d’une autre banque, à 1 euro par opération. Cela permettra de garder plus de distributeurs, jurent les banques. Ça, on demande à voir.