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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il s'inquiète de la campagne de vaccination du gouvernement après l'échec des masques et des tests.

Après les masques l’hiver dernier et les tests cet été, voici le troisième crash-test pour le gouvernement dans sa lutte contre le Covid : les vaccins.

Il y a de quoi être inquiet. Les deux premiers crash-tests ont été des échecs. Sur les masques, on se souvient que la France a subi une véritable pénurie pendant quasiment tout le premier confinement. On a compris depuis que beaucoup d’hôpitaux, d’Ehpad et de médecins libéraux avaient été fournis en masques par des entreprises, en particulier par celles qui avaient des filiales en Chine et donc des filières d’approvisionnement. La puissance publique, elle, a été dépassée et plantée par la lourdeur de l’administration.

Et puis il y a l’affaire des stocks de masques détruits.

Ce que pointe à nouveau avec sévérité un rapport du Sénat qui met aussi en cause Jérôme Salomon, le Directeur général de la Santé. Il est soupçonné d’avoir arrangé la vérité. Le deuxième crash-test raté, c’est celui des tests. Ils étaient au cœur de la stratégie du gouvernement (tester-tracer-isoler). Au sommet de la deuxième vague, il fallait huit à 10 jours dans les grandes agglomérations pour faire un test et avoir le résultat. Efficacité nulle.

Troisième test, celui des vaccins. Selon Nicolas Beytout, il y a de quoi être inquiet.

Pas sur les vaccins eux-mêmes, pas non plus sur la logistique qui est en train d’être mise en place pour vacciner progressivement tous les Français, par ordre de priorité. La France, pays suradministré saura faire. Non, ce qui est préoccupant, c’est de voir que le doute s’installe (ou plutôt qu’il progresse) dans la population. La faute à toutes ces déclarations de médecins qui partent dans tous les sens, sur le manque d’information sur les vaccins, sur leurs effets secondaires, sur l’opportunité de se faire vacciner vite ou d’attendre. Bien sûr, le gouvernement n’est pas responsable de cet effet brouillon. Mais il a une carte majeure à jouer, celle de l’exemplarité.

C’est-à-dire quoi ? Que les ministres se fassent vacciner devant les caméras ?

Par exemple, oui. C’est l’effet Queen Elisabeth. La reine d’Angleterre a annoncé que son mari et elle se feraient vacciner.

Alors bien sûr, le risque, c’est que nos dirigeants soient accusés de profiter de passe-droits. Et c’est vrai que la reine Elisabeth II a 94 ans, elle fait partie des populations prioritaires. Mais nous avons, en France, quelques hommes et femmes politiques âgés qui ont largement dépassé les 70 ans y compris au gouvernement. Ils pourraient jouer l’exemplarité.

Et les autres ? Les plus jeunes ?

C’est là qu’est le risque du crash-test. Quant Emmanuel Macron déclare "qu’on ne sait pas tout sur ce vaccin comme on ne sait pas tout sur ce virus", il alimente la méfiance. Lorsqu’il précise ne pas vouloir "dire aux gens ‘vaccinez-vous, vaccinez-vous à toute force’", il alimente la suspicion. Dans un pays qui reste enfermé, qui ne peut même pas fêter le Nouvel An, n’avoir aucune perspective médicale (le vaccin) et aucune perspective sociale (le retour à la liberté), ça donne sûrement un cocktail détonnant.