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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à la réaction de Thierry Mariani, tête de liste Rassemblement national aux élections régionales en Paca, qui s'est largement réjoui de la fusion entre la liste En Marche et celle des Républicains.

Thierry Mariani, la tête de liste Rassemblement national aux élections régionales en Paca, s’est largement réjoui de la fusion, avant même le premier tour, de la liste En Marche avec celle des Républicains.

Son parti n’en finit plus, depuis cet événement politique, d’envoyer des messages aux électeurs traditionnels de la droite républicaine sur le thème "ils vous ont trahi, ils pactisent avec Macron, votez pour nous, pour une vraie droite de conviction". Derrière ces éléments de langage, il y a un large sourire de satisfaction.
Est-ce justifié ? Le parti de Marine Le Pen a-t-il raison de se réjouir ?

Son espoir, c’est que cette affaire pousse dans ses bras des cohortes d’électeurs de droite qui ne voudront pas voter Macron, et que ça change toute la physionomie de l’élection. La vérité, c’est rien n’est aussi simple. Dans cette région Paca comme dans beaucoup d’autres, le parti présidentiel est si faible que, s’il avait franchi le premier tour, rien ne garantit qu’il aurait pu s’aligner au second. Il aurait donc vraisemblablement appeler à se ranger derrière Renaud Muselier et sa liste Les Républicains. Autrement dit, ce qui s’est passé avant le premier tour se serait produit avant le second. La preuve, Christian Jacob, le patron des Républicains, avait fixé comme ligne politique : pas d’accord avec La République en Marche avant le premier tour.

Cette affaire de timing, ça change quelque chose ?

Ce que l’on sait, et les élections municipales de l’an dernier l’ont largement prouvé, c’est que les ralliements entre les deux tours d’une élection, c’est loin d’être toujours gagnant. La preuve à Bordeaux où la droite a cru faire une bonne affaire en accueillant des représentants En Marche sur sa liste avant le second tour. Résultat, la droite a perd cette ville. Mais à l’inverse, un peu plus au sud, à Toulouse, le maire sortant LR Jean-Luc Moudenc, qui avait topé avec En Marche avant le premier tour a été joliment réélu au second.

Donc le Rassemblement national aurait tort de se réjouir trop vite ?

Sur le cas de la région Sud, oui. Le parti de Marine Le Pen va un peu vite en besogne. Et puis, plus il crie cocorico, plus il se met en risque de violent retour de flamme en cas de défaite aux régionales. Mais c’est vrai que pour la suite, c’est-à-dire pour l’élection présidentielle de l’an prochain, alors il est vrai que le scénario qui s’est déroulé sous nos yeux consacre la domination de deux figures sur la scène politique française : Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Ce n’est pas une surprise, mais dans un univers aussi secoué que la politique en temps de Covid, cette réassurance vaut cher.