Publicité
Publicité
Société
- Mis à jour le

Sissi et François-Joseph : l'histoire d'un véritable coup de foudre

Une foule immense, une traîne interminable et une pression monumentale… En 1854, l’empereur d’Autriche, François-Joseph épouse sa très belle cousine Elisabeth, née duchesse en Bavière. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars vous convie au mariage de Sissi.Ecoutez l'épisode en entier sur notre chaîne YouTube.S'il y a bien une union qui a marqué la fin du 19e siècle, c'est celle de Sissi et de François-Joseph. En 1854, l'empereur d'Autriche épouse sa cousine, Elisabeth, dont il est tombé éperdument amoureux quelques mois plus tôt. Pourtant ce n'était pas ce que souhaitait sa mère, l'archiduchesse Sophie. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars vous raconte l'histoire d'un mariage qui n'aurait pas dû avoir lieu.  Un mariage prévu d'avanceC’était convenu entre les deux sœurs, l’archiduchesse d’Autriche Sophie et la duchesse en Bavière Ludovika : on allait marier l’empereur François-Joseph, fils de Sophie, à sa cousine germaine Hélène, fille aînée de Ludovika. On annoncerait leurs fiançailles officielles le jour du 23ème anniversaire de François-Joseph, le 18 août 1853 et cela se passerait à Bad Ischl, station thermale du Tyrol. La famille impériale d’Autriche a l’habitude d’y séjourner chaque été.Il n’est pas facile de marier un empereur d’Autriche. Les critères sont précis : l’élue doit être issue d’une famille souveraine et être catholique. François-Joseph, qui règne sur l’Autriche depuis 1848, est monté sur le trône à l’âge de 18 ans, dans des conditions difficiles, en pleine révolution populaire. Vienne était dans un tel chaos que sa prise de pouvoir s’était faite à Olmutz, loin de la capitale, après l’abdication de son oncle Ferdinand 1er, atteint de troubles mentaux. Le propre père de François-Joseph, l’archiduc François-Charles, avait renoncé à la Couronne.C‘est l’archiduchesse Sophie qui avait mis son fils sur le trône. Elle est bien décidée, aussi, à contrôler son mariage. Le jeune souverain a parcouru l’Europe pour trouver l’épouse idéale. Il était tombé amoureux d’une très jolie nièce du roi de Prusse, la princesse Anna. Une alliance prussienne aurait ravi sa mère mais Anna était déjà promise et le roi de Prusse ne voulait en aucun cas d’une union autrichienne. François-Joseph rencontra aussi la princesse Sidonie de Saxe, une cousine germaine mais il la trouva trop lymphatique et peu agréable. Il restait encore une option, la famille de Sophie, les Wittelsbach. La sœur cadette de Sophie, Ludovika, avait épousé un cousin, Maximilien, duc en Bavière, chef de la branche cadette de la dynastie bavaroise. Ils avaient eu dix enfants. L’aînée des filles, Hélène, surnommée Néné, semblait posséder toutes les qualités nécessaires pour devenir impératrice d’Autriche.Exit Hélène, bonjour SissiLudovika est aux anges à l’idée d’une alliance aussi prestigieuse pour sa fille aînée. Pour Hélène, on fait faire une garde-robe digne d’une future impératrice d’Autriche, notamment une somptueuse robe de bal pour la soirée d’anniversaire de l’empereur.La mère et la fille doivent partir seules pour Bad Ischl. Au dernier moment, Ludovika décide que la cadette Elisabeth, que tout le monde surnomme Sissi, fera le voyage avec elle. Sissi a fêté ses 15 ans le 25 décembre précédent. Elle est triste. Un de ses amis, un certain Richard, vient de mourir et la perte de cet amoureux l’a beaucoup affectée. Ludovika pense que ce voyage lui changera les idées. Et puis on ne sait jamais... On pourra peut-être en profiter pour la marier, elle aussi, au frère cadet de l’empereur, Charles-Louis, qui vient d’avoir 20 ans. On s’engouffre dans une berline suivie d’une voiture chargée de bagages. Le 15 août 1853, au relais de poste de Rosenheim, la berline ducale s’arrête et Sissi exaspère sa mère en voulant elle-même donner à boire aux chevaux. Car Sissi est ainsi : spontanée, exaltée, romantique, aimant les chevaux et le chiens, et n’en faisant qu’à sa tête. Le 16 août, la berline arrive enfin à Bad Ischl devant l’hôtel Austria. A peine rafraîchies et recoiffées, mère et filles se précipitent pour ne pas être en retard au thé de l’archiduchesse Sophie.L’empereur s’invite au thé. On l’a placé à côté d'Hélène mais il n’a d’yeux que pour Sissi. Le lendemain matin, François-Joseph se présente très tôt chez sa mère. Il est d’une humeur charmante. Il ne lui parle que de Sissi. Sophie est intelligente et a l’habitude de décider à la place des hommes défaillants de la famille. Pour la première fois, elle sent que son fils va lui résister ! François-Joseph continue : il ne tarit pas d’éloges sur sa cousine, son charme, son intelligence, sa silhouette svelte, son exubérance de petite fille encore, sa douceur. Quant à sa beauté, il ne sait comment la décrire. Bref, il est follement amoureux !Sophie contre-attaqueUne autre soeur de Sophie, la reine de Prusse, dit alors à Sophie : "Le voilà tout feu tout flamme !" La reine de Prusse semble ravie mais Sophie, pas du tout ! Elle est même atterrée. Ce mariage serait une folie ! Sissi ne connaît rien des usages de la cour de Vienne, elle n’est qu’une petite campagnarde sans éducation. Mais Sophie est surtout vexée : son fils ne lui obéit plus.Ce dernier, dont elle a fait un empereur, prend une décision capitale sans elle. Elle, une maîtresse-femme dont Talleyrand avait dit, au Congrès de Vienne : "Elle est le seul homme de la famille !"Sophie contre-attaque ! Au déjeuner suivant, Sissi est exclue de la table impériale. Elle est reléguée avec sa gouvernante dans une petite pièce contiguë. Mais François-Joseph est opiniâtre, lui aussi. Il demande à Ludovika la permission d’inviter Sissi à sa table. Permission accordée ! On se pousse un peu et l'empereur ne va plus la quitter des yeux pendant le déjeuner. C’est ce soir, au dîner suivi d’un bal, que tout va se décider. Sissi, qui n’était pas prévue, y est aussi conviée par l’ empereur.On se prépare fiévreusement. Hélène revêt sa somptueuse robe de satin blanc pour ses supposées fiançailles. Sissi devra se contenter d’une simple robe de voile, couleur pêche. Après tout, elle ne devait pas être là. Lorsque le bal commence, François-Joseph ne danse pas. Tout le monde s’interroge ! On explique que Sa Majesté honorera le cotillon qui, traditionnellement, clôt le bal. Avec qui va-t-il se lancer : Hélène ou Sissi ? L’aide-de-camp de l’empereur, qui a dansé la deuxième polka avec Sissi, murmure à son voisin : "Il me semble que j’ai dansé avec notre future impératrice…"Il a raison. L’empereur ne dansera qu’avec Sissi, lui offrira le bouquet du cotillon et tous les bouquets que devaient recevoir les autres danseuses. Pauvre Hélène ! Elle vient de comprendre qu’elle ne sera pas impératrice !Sophie et Ludovika, médusées, cachent leur dépit derrière leurs éventails. Leur complot a raté ! Mais Sophie sera bonne joueuse et dans une lettre à son autre sœur Marie de Saxe, elle dira :" Elisabeth semblait un bouton de rose qui s’épanouit au soleil. Elle lui a paru si attirante dans sa modestie enfantine, et si naturelle pourtant face à lui. Seule la foule l’intimidait. "Les dés sont jetés. Tôt le lendemain, il annonce à sa mère qu’il va demander la main de Sissi. Toute l’Europe est informée. La duchesse de Dino, nièce de Talleyrand, fine connaisseuse des cours d’Europe, écrira dans sa chronique :" J’ai eu une nouvelle d’Ischl dans laquelle on me rapporte que, lorsque l’empereur a parlé à Madame sa mère, du désir d’épouser la princesse de Bavière, il l’a fait en ces termes : 'Si j’étais sur qu’on ne persuadât et ne poussât pas la princesse à m’accepter, je voudrais lui demander moi-même si elle consent à partager mon sort difficile, à m’aider à en porter le poids et à l’alléger. On a donc sondé la jeune personne en lui disant qu’elle ne devait consulter que son cœur et ne regarder en rien à l’éclat de la situation. Elle a répondu que ce n’était que cette position trop élevée et trop difficile qui pourrait l’effrayer, car quant à la personne, elle s’y sentait vivement attirée … Les deux mères auraient voulu que la chose fut tenue secrète jusqu’à l’arrivée ou, au moins, jusqu’à la réponse du duc Maximilien, père de la princesse, auquel personne n’avait songé dans les premiers moments d’effusions ; et l’empereur a dit qu’il ne fallait pas que son bonheur fut caché et qu’il avait hâte de le proclamer. "Sissi préparée à devenir impératriceSitôt les fiançailles proclamées dans un Bad Ischl illuminé de 10.000 bougies, sur une petite colline des lampions ont été disposés formant les initiales des deux fiancés. Partout sont déposées des lanternes aux couleurs de l’Autriche et de la Bavière. Le 31 août, Ludovika et ses deux filles regagnent Munich tandis que François-Joseph rentre à Vienne. Il a été décidé que la cérémonie de mariage se déroulera à Vienne le 24 avril 1854. Ludovika aurait préféré Munich mais l’empereur en a décidé autrement. Pour lui, ce mariage est une sorte de revanche. Il est amoureux, il est heureux, il a une fiancée merveilleuse. Il veut la montrer aux Viennois et souhaite une fête éblouissante. Il entend faire oublier les désordres de 1848 qui ne lui avaient pas permis de prêter son serment d’empereur dans sa capitale.Le mariage sera comme une sorte de sacre du couple impérial. Pendant la durée de leurs fiançailles, François-Joseph vient trois fois à Munich pour voir Sissi. Ce sont des voyages de plus d’une journée car il lui faut passer par Prague : il n’y a pas de chemin de fer direct entre Vienne et Munich. Il arrive toujours chargé de cadeaux, généralement des bijoux. Il est auprès d’elle le 25 décembre 1853, pour l’anniversaire de ses 17 ans. Il lui offrira un perroquet, présent original qui la comblera de bonheur !Sissi est enchantée de ces parenthèses auprès de son fiancé car elle est soumise à un rude traitement. Elle doit commencer par apprendre le français, langue diplomatique, l’italien que l’on parle dans les provinces autrichiennes de Lombardie et de Vénétie et aussi le hongrois. C’est horriblement difficile. Mais on sait que Sissi le parlera admirablement et adorera la Hongrie . Les leçons se succèdent, entrecoupées d’interminables séances d’essayages. On lui confectionne son trousseau et sa garde-robe d’impératrice.Quand la famille quitte Munich pour Possenhofen, le château familial au bord du lac de Starnberg, Sissi écrit des poèmes empreints de tristesse sur la beauté de la nature, les lacs, les animaux. Tout symbolise un adieu prématuré à son enfance si libre en compagnie d’un père original. Ce grand voyageur rapportait toujours à ses enfants des présents extraordinaires et des récits passionnants. Dans son hôtel particulier de Munich, il avait fait installer une piste de cirque où se produisaient clowns, acrobates et cavaliers dresseurs de chevaux pour le plus grand plaisir de ses enfants, en particulier Sissi. C’est à tout cela que la petite duchesse doit dire adieu. Elle est sincèrement amoureuse de François-Joseph mais elle a peur de la nouvelle vie qui l’attend à Vienne.Sur le Danube, un voyage de légendeLe jeudi 20 avril 1854, après une messe dans le palais familial où elle a vu le jour, Sissi dit adieu au personnel et lui distribue des cadeaux. Dans une berline découverte, tirée par six chevaux, qui fend la foule émue, la jeune fille, ovationnée, se lève et salue pour la première fois. Le lendemain, à 2 heures de l’après-midi, les berlines et les calèches de Sissi et de sa famille atteignent Passau, la ville frontière entre la Bavière et l’Autriche. L’escorte bavaroise monte à bord d’un bateau accompagné par deux vapeurs autrichiens décorés. A 6 heures, ils atteignent Linz. François-Joseph les rejoint, ce qui n'était pas prévu. Il assiste auprès de sa fiancée à un gala suivi d’illuminations et d’une retraite aux flambeaux. Il repart pour Vienne à 4 heures de demie du matin. Trois heures plus tard, Sissi et sa famille montent à bord du plus beau vapeur à aubes du Danube, le "François-Joseph" dont le pont et les flancs sont recouverts de roses coupées le matin même dans les serres de Schönbrunn. Par ordre de l’empereur, la navigation est arrêtée sur le Danube. Les rivages du fleuve sont noirs de monde. Les fanfares jouent l’hymne impérial entre deux salves de canons. La fiancée de l’empereur salue la foule en agitant son mouchoir de dentelle. Le bateau arrive dans les faubourgs de Vienne, à Nussdorf. Il a à peine le temps d’accoster que l’empereur saute à bord. Il prend Sissi dans ses bras et l’embrasse sur la bouche devant des milliers de spectateurs. Du jamais vu à cette époque ! Tout le monde gagne Schönbrunn. Dans le salon de cérémonie de l’impératrice Marie-Thérèse, Sissi est présentée aux Habsbourg puis aux grands officiers de la Cour. Enfin, Sissi fait la connaissance de sa première dame d’honneur, la comtesse Esterhazy-Liechtenstein, 56 ans, austère et cérémonieuse. Sissi pressent qu’elle ne va pas s’entendre avec cette rigide gardienne de l’Etiquette. Une apparition au balcon devant une foule immense puis un grand dîner de gala. Enfin, les convives, épuisés, se retirent. La famille et les futurs mariés aussi."Un oiseau effrayé"Le lendemain, 23 avril, le programme est très chargé. Sissi inaugure un nouveau pont, le pont Elisabeth sur la petite rivière l’Inn. Puis elle gagne le palais impérial, la Hofburg, où François-Joseph l’attend. Nouvelles présentations aux généraux, officiers et domestiques du palais. Le lendemain, 24 avril, le mariage est célébré à 7 heures du soir, dans l’église des Augustins qui jouxte la Hofburg. L’église est entièrement drapée de rouge, éclairée par 15.000 flambeaux qui font scintiller les diamants et les diadèmes de la mariée.Sissi, désormais impératrice, subit une nouvelle présentation, cette-fois à l’Etat-Major et aux diplomates ; Après ces exténuantes corvées, le couple impérial ressort du palais pour traverser Vienne dans un carrosse découvert tiré par seulement deux chevaux. Tout Vienne leur fait un triomphe. A leur retour, un souper solennel leur est servi, de 10 heures à 11 heures du soir. Et puis, laissons parler Sophie, qui écrira dans son journal :" Nous conduisîmes, Ludovika et moi, la jeune mariée dans sa chambre. Je la laissai avec sa mère et m’établis dans le cabinet à côté de sa chambre jusqu’à ce qu’elle fut au lit. Et je cherchai mon fils et l’emmenai près de sa jeune femme que je trouvai, en lui disant bonne nuit, cachant son joli visage inondé de la profusion de ses beaux cheveux dans son oreiller, comme un oiseau effrayé se cache dans son nid. "L’oiseau effrayé, comme le dit si justement sa tante et belle-mère, va ressentir tout le poids de son nouveau statut. Elle aimerait avoir des moments d’intimité avec son mari. Ils seront rares. L’empereur a un emploi du temps très prenant. Elle en souffrira . Souvent, elle dira : "Si seulement il n’était pas empereur…"Une vie conjugale étonnanteCe couple aura une vie conjugale étonnante. Lui, l’homme de devoir, elle la rebelle, vont s’aimer, avoir des enfants, de grandes peines, un destin politique compliqué. Souvent, elle voyagera pour échapper à sa vie trop exposée. Mais ce coup de foudre durera toute leur vie commune, jusqu’à la mort de Sissi, assassinée à Genève le 10 septembre 1898. François-Joseph, effondré, dira alors : "Personne ne saura jamais combien je l’ai aimée…"

En savoir plus
[TEASER] Landru, le tueur aux petites annonces

[TEASER] Landru, le tueur aux petites annonces

Connaissez-vous le “Barbe-Bleue de Gambais” ? Au début du XXe siècle, Henri Désiré Landru publie des petites annonces pour rencontrer des femmes… Qu’il assassine ensuite. Que fait-il des corps ? La réponse se trouve dans une cuisinière retrouvée par les enquêteurs. <br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, plongez au cœur de l'une des affaires criminelles les plus suivies du siècle dernier, à travers un double récit inédit consacré à Landru.

9 février 2025 - 01 min

ENTRETIEN - Vandalisme et destruction de statues pendant la Révolution française.

ENTRETIEN - Vandalisme et destruction de statues pendant la Révolution française.

Le 14 juillet 1789, la Révolution française débute par la démolition d’un symbole de l’absolutisme royal : la prison de la Bastille. Alors que la monarchie agonise, l’on cherche à renouveler l’espace public par la destruction et le remplacement des symboles de l’Ancien Régime. Statues, monuments à la gloire des rois de France sont la cible de certains révolutionnaires, alors qu'émergent des notions clé, parfois opposées, celle de régénération, de vandalisme et de patrimoine.<br /> <br /> Pour évoquer ces questions, Virginie Girod reçoit l’historien Loris Chavanette. Spécialiste de la Révolution française, il a consacré plusieurs ouvrages à cette période.

8 février 2025 - 20 min

L’incendie du Reichstag, première marche vers la dictature

L’incendie du Reichstag, première marche vers la dictature

Virginie Girod raconte l'incendie du Reichstag, le coeur de la démocratie allemande, dans un récit inédit d'Au coeur de l'Histoire. <br /> <br /> Le 27 février 1933, à Berlin, Adolf Hitler, récemment nommé chancelier, dîne avec Joseph Goebbels quand le téléphone sonne. Au bout du fil se trouve Ernst Hanfstaengl, chargé des relations avec la presse étrangère. Agité, il annonce au futur artisan de la propagande nazie que le palais du Reichstag, qui abrite le Parlement allemand, est en flammes. Cet incendie, d'origine criminelle, est instrumentalisé par le nouveau régime afin d'instaurer une dictature. En Allemagne, c'est le début de l'ère national-socialiste, qui marquera au fer rouge l'Europe entière.

7 février 2025 - 15 min

La Commune de Paris : une capitale en feu

La Commune de Paris : une capitale en feu

Virginie Girod raconte la Commune de Paris, dans un épisode inédit d'Au coeur de l'Histoire. <br /> <br /> En 1870, la France est envahie par la Prusse. Paris, assiégée, refuse de capituler. Dans ce contexte, la Commune rejette la nouvelle Assemblée nationale issue des élections de février 1871 et favorable à la paix. Une guerre sans merci débute alors, et voit s'opposer la Commune de Paris et les forces menées par le gouvernement d'Adolphe Thiers. Pendant deux mois, la ville est à feu et à sang. Alors que la répression fait rage, de nombreux monuments parisiens sont incendiés.

6 février 2025 - 15 min

ENTRETIEN - Vang Gogh, un artiste maudit ? Avec Wouter van der Veen.

ENTRETIEN - Van Gogh, un artiste maudit ?

Le 29 juillet 1890, le peintre néerlandais Vincent Van Gogh (1853-1890) meurt à Auvers-sur-Oise, deux jours après s'être tiré un coup de revolver dans la poitrine. Ce suicide, comme le train de vie du célèbre peintre, contribue à alimenter le mythe de l'artiste maudit qui, aujourd'hui encore, entoure sa figure. <br /> <br /> Pour déconstruire cette légende tenace, Virginie Girod reçoit Wouter van der Veen. Historien de l’art, grand spécialiste de la vie et de l'oeuvre de Vincent Van Gogh, il est secrétaire général et directeur scientifique de l'Institut Van-Gogh.

5 février 2025 - 22 min

[2/2] Camille Claudel, sculpture et paranoïa dans l’ombre de Rodin

[2/2] Camille Claudel, sculpture et paranoïa dans l’ombre de Rodin

Virginie Girod raconte la descente aux enfers de Camille Claudel (1864-1943), l'une des artistes les plus importantes du XIXe siècle.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Camille Claudel sculpte le marbre, le grès et le bronze et s'impose comme une statuaire de génie, présentant ses œuvre au Salon, la manifestation artistique de référence. Elle poursuit une liaison passionnée avec Auguste Rodin, qui lui promet monts et merveilles. Isolée, Camille Claudel sombre progressivement dans la folie. En 1913, elle est arrachée à son atelier parisien du quai Bourbon pour être internée. Elle passera à l'asile les trente dernières années de sa vie.

3 février 2025 - 13 min

[1/2] Camille Claudel, sculpture et paranoïa dans l’ombre de Rodin

[1/2] Camille Claudel, sculpture et paranoïa dans l’ombre de Rodin

Virginie Girod raconte le parcours de Camille Claudel (1864-1943), l'une des artistes les plus importantes du XIXe siècle. <br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Camille Claudel naît dans la seconde partie du XIXe siècle, au sein d'une famille bourgeoise implantée dans l'Aisne. Découvrant sa vocation pour la sculpture aux côtés de l'artiste Alfred Boucher, elle montre l'étendue de son talent et rencontre bientôt Auguste Rodin, dont elle devient l'élève. Entre les deux artistes, c'est aussi le début d'une passion dévorante. Leur art se mêle au gré de leur passion, si bien qu'il est parfois difficile, aujourd'hui, de démêler leur travail.

3 février 2025 - 13 min

TEASER - Camille Claudel, sculptrice de génie

TEASER - Camille Claudel, sculptrice de génie

C’est l’une des artistes féminines les plus importantes du XIXe siècle. Son héritage est de marbre, de grès et de bronze. Élève d’Auguste Rodin, Camille Claudel a dépassé le maître, réalisant des sculptures dont la poésie nous touche aujourd'hui encore. Mais l’artiste fut aussi une femme fragile, abimée… <br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, découvrez un double récit inédit consacré au destin tragique de Camille Claudel, artiste passionnée ayant fini sa vie dans la solitude d'un asile.

2 février 2025 - 01 min

ENTRETIEN - Comment créer une bande-dessinée historique ?

ENTRETIEN - Comment créer une bande-dessinée historique ?

Alors que la 52e édition du festival international de la bande-dessinée se tient en ce moment à Angoulême, Virginie Girod vous propose de découvrir les coulisses de la création d’une bande-dessinée historique, avec le dessinateur et scénariste Enrico Marini, qui s’illustre dans ce genre depuis 2007 et la parution du premier tome de sa série antique "Les aigles de Rome". Sous le règne de l’empereur Auguste, on y suit Arminius et Marcus, deux frères d’armes devenus ennemis au gré des conquêtes romaines et des rébellions barbares.<br /> <br /> Cet entretien est réalisé en partenariat avec les éditions Dargaud.

1 février 2025 - 16 min

La bataille de Teutobourg, la pire défaite de l’armée romaine

La bataille de Teutobourg, la pire défaite de l’armée romaine

Virginie Girod raconte la bataille de Teutobourg dans un épisode inédit d'Au coeur de l'Histoire.<br /> <br /> En l'an 9 de notre ère, l'Empire romain essuie la pire défaite militaire de son histoire. En Germanie, à l'Est du Rhin, les troupes du gouverneur Varus avancent dans les bois de Teutobourg quand soudain, des hordes de Germains surgissent de toute part. Après trois jours de bataille, les Romains sont défaits, trahis par Arminius, qu'ils croyaient être l'un des leurs. <br /> <br /> Cet épisode a été réalisé en partenariat avec les éditions Dargaud et la bande-dessinée "Les Aigles de Rome", d'Enrico Marini.

31 janvier 2025 - 18 min

À propos

Une foule immense, une traîne interminable et une pression monumentale… En 1854, l’empereur d’Autriche, François-Joseph épouse sa très belle cousine Elisabeth, née duchesse en Bavière. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars vous convie au mariage de Sissi.


Ecoutez l'épisode en entier sur notre chaîne YouTube.

S'il y a bien une union qui a marqué la fin du 19e siècle, c'est celle de Sissi et de François-Joseph. En 1854, l'empereur d'Autriche épouse sa cousine, Elisabeth, dont il est tombé éperdument amoureux quelques mois plus tôt. Pourtant ce n'était pas ce que souhaitait sa mère, l'archiduchesse Sophie. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars vous raconte l'histoire d'un mariage qui n'aurait pas dû avoir lieu. 

 

Un mariage prévu d'avance

C’était convenu entre les deux sœurs, l’archiduchesse d’Autriche Sophie et la duchesse en Bavière Ludovika : on allait marier l’empereur François-Joseph, fils de Sophie, à sa cousine germaine Hélène, fille aînée de Ludovika. On annoncerait leurs fiançailles officielles le jour du 23ème anniversaire de François-Joseph, le 18 août 1853 et cela se passerait à Bad Ischl, station thermale du Tyrol. La famille impériale d’Autriche a l’habitude d’y séjourner chaque été.

Il n’est pas facile de marier un empereur d’Autriche. Les critères sont précis : l’élue doit être issue d’une famille souveraine et être catholique. François-Joseph, qui règne sur l’Autriche depuis 1848, est monté sur le trône à l’âge de 18 ans, dans des conditions difficiles, en pleine révolution populaire. Vienne était dans un tel chaos que sa prise de pouvoir s’était faite à Olmutz, loin de la capitale, après l’abdication de son oncle Ferdinand 1er, atteint de troubles mentaux. Le propre père de François-Joseph, l’archiduc François-Charles, avait renoncé à la Couronne.

C‘est l’archiduchesse Sophie qui avait mis son fils sur le trône. Elle est bien décidée, aussi, à contrôler son mariage. 

Le jeune souverain a parcouru l’Europe pour trouver l’épouse idéale. Il était tombé amoureux d’une très jolie nièce du roi de Prusse, la princesse Anna. Une alliance prussienne aurait ravi sa mère mais Anna était déjà promise et le roi de Prusse ne voulait en aucun cas d’une union autrichienne. François-Joseph rencontra aussi la princesse Sidonie de Saxe, une cousine germaine mais il la trouva trop lymphatique et peu agréable. Il restait encore une option, la famille de Sophie, les Wittelsbach. La sœur cadette de Sophie, Ludovika, avait épousé un cousin, Maximilien, duc en Bavière, chef de la branche cadette de la dynastie bavaroise. Ils avaient eu dix enfants. L’aînée des filles, Hélène, surnommée Néné, semblait posséder toutes les qualités nécessaires pour devenir impératrice d’Autriche.

Exit Hélène, bonjour Sissi

Ludovika est aux anges à l’idée d’une alliance aussi prestigieuse pour sa fille aînée. Pour Hélène, on fait faire une garde-robe digne d’une future impératrice d’Autriche, notamment une somptueuse robe de bal pour la soirée d’anniversaire de l’empereur.

La mère et la fille doivent partir seules pour Bad Ischl. Au dernier moment, Ludovika décide que la cadette Elisabeth, que tout le monde surnomme Sissi, fera le voyage avec elle. Sissi a fêté ses 15 ans le 25 décembre précédent. Elle est triste. Un de ses amis, un certain Richard, vient de mourir et la perte de cet amoureux l’a beaucoup affectée. Ludovika pense que ce voyage lui changera les idées. Et puis on ne sait jamais... On pourra peut-être en profiter pour la marier, elle aussi, au frère cadet de l’empereur, Charles-Louis, qui vient d’avoir 20 ans. 

On s’engouffre dans une berline suivie d’une voiture chargée de bagages. Le 15 août 1853, au relais de poste de Rosenheim, la berline ducale s’arrête et Sissi exaspère sa mère en voulant elle-même donner à boire aux chevaux. Car Sissi est ainsi : spontanée, exaltée, romantique, aimant les chevaux et le chiens, et n’en faisant qu’à sa tête. Le 16 août, la berline arrive enfin à Bad Ischl devant l’hôtel Austria. A peine rafraîchies et recoiffées, mère et filles se précipitent pour ne pas être en retard au thé de l’archiduchesse Sophie.

L’empereur s’invite au thé. On l’a placé à côté d'Hélène mais il n’a d’yeux que pour Sissi. Le lendemain matin, François-Joseph se présente très tôt chez sa mère. Il est d’une humeur charmante. Il ne lui parle que de Sissi. Sophie est intelligente et a l’habitude de décider à la place des hommes défaillants de la famille. Pour la première fois, elle sent que son fils va lui résister ! François-Joseph continue : il ne tarit pas d’éloges sur sa cousine, son charme, son intelligence, sa silhouette svelte, son exubérance de petite fille encore, sa douceur. Quant à sa beauté, il ne sait comment la décrire. Bref, il est follement amoureux !

Sophie contre-attaque

Une autre soeur de Sophie, la reine de Prusse, dit alors à Sophie : "Le voilà tout feu tout flamme !" La reine de Prusse semble ravie mais Sophie, pas du tout ! Elle est même atterrée. Ce mariage serait une folie ! Sissi ne connaît rien des usages de la cour de Vienne, elle n’est qu’une petite campagnarde sans éducation. Mais Sophie est surtout vexée : son fils ne lui obéit plus.

Ce dernier, dont elle a fait un empereur, prend une décision capitale sans elle. Elle, une maîtresse-femme dont Talleyrand avait dit, au Congrès de Vienne : "Elle est le seul homme de la famille !"

Sophie contre-attaque ! Au déjeuner suivant, Sissi est exclue de la table impériale. Elle est reléguée avec sa gouvernante dans une petite pièce contiguë. Mais François-Joseph est opiniâtre, lui aussi. Il demande à Ludovika la permission d’inviter Sissi à sa table. Permission accordée ! On se pousse un peu et l'empereur ne va plus la quitter des yeux pendant le déjeuner. C’est ce soir, au dîner suivi d’un bal, que tout va se décider. Sissi, qui n’était pas prévue, y est aussi conviée par l’ empereur.

On se prépare fiévreusement. Hélène revêt sa somptueuse robe de satin blanc pour ses supposées fiançailles. Sissi devra se contenter d’une simple robe de voile, couleur pêche. Après tout, elle ne devait pas être là. Lorsque le bal commence, François-Joseph ne danse pas. Tout le monde s’interroge ! On explique que Sa Majesté honorera le cotillon qui, traditionnellement, clôt le bal. Avec qui va-t-il se lancer : Hélène ou Sissi ? L’aide-de-camp de l’empereur, qui a dansé la deuxième polka avec Sissi, murmure à son voisin : "Il me semble que j’ai dansé avec notre future impératrice…"

Il a raison. L’empereur ne dansera qu’avec Sissi, lui offrira le bouquet du cotillon et tous les bouquets que devaient recevoir les autres danseuses. Pauvre Hélène ! Elle vient de comprendre qu’elle ne sera pas impératrice !

Sophie et Ludovika, médusées, cachent leur dépit derrière leurs éventails. Leur complot a raté ! Mais Sophie sera bonne joueuse et dans une lettre à son autre sœur Marie de Saxe, elle dira :

" Elisabeth semblait un bouton de rose qui s’épanouit au soleil. Elle lui a paru si attirante dans sa modestie enfantine, et si naturelle pourtant face à lui. Seule la foule l’intimidait. "

Les dés sont jetés. Tôt le lendemain, il annonce à sa mère qu’il va demander la main de Sissi. Toute l’Europe est informée. La duchesse de Dino, nièce de Talleyrand, fine connaisseuse des cours d’Europe, écrira dans sa chronique :

" J’ai eu une nouvelle d’Ischl dans laquelle on me rapporte que, lorsque l’empereur a parlé à Madame sa mère, du désir d’épouser la princesse de Bavière, il l’a fait en ces termes : 'Si j’étais sur qu’on ne persuadât et ne poussât pas la princesse à m’accepter, je voudrais lui demander moi-même si elle consent à partager mon sort difficile, à m’aider à en porter le poids et à l’alléger. On a donc sondé la jeune personne en lui disant qu’elle ne devait consulter que son cœur et ne regarder en rien à l’éclat de la situation. Elle a répondu que ce n’était que cette position trop élevée et trop difficile qui pourrait l’effrayer, car quant à la personne, elle s’y sentait vivement attirée … Les deux mères auraient voulu que la chose fut tenue secrète jusqu’à l’arrivée ou, au moins, jusqu’à la réponse du duc Maximilien, père de la princesse, auquel personne n’avait songé dans les premiers moments d’effusions ; et l’empereur a dit qu’il ne fallait pas que son bonheur fut caché et qu’il avait hâte de le proclamer. "

Sissi préparée à devenir impératrice

Sitôt les fiançailles proclamées dans un Bad Ischl illuminé de 10.000 bougies, sur une petite colline des lampions ont été disposés formant les initiales des deux fiancés. Partout sont déposées des lanternes aux couleurs de l’Autriche et de la Bavière. Le 31 août, Ludovika et ses deux filles regagnent Munich tandis que François-Joseph rentre à Vienne. Il a été décidé que la cérémonie de mariage se déroulera à Vienne le 24 avril 1854. Ludovika aurait préféré Munich mais l’empereur en a décidé autrement. Pour lui, ce mariage est une sorte de revanche. Il est amoureux, il est heureux, il a une fiancée merveilleuse. Il veut la montrer aux Viennois et souhaite une fête éblouissante. Il entend faire oublier les désordres de 1848 qui ne lui avaient pas permis de prêter son serment d’empereur dans sa capitale.

Le mariage sera comme une sorte de sacre du couple impérial. Pendant la durée de leurs fiançailles, François-Joseph vient trois fois à Munich pour voir Sissi. Ce sont des voyages de plus d’une journée car il lui faut passer par Prague : il n’y a pas de chemin de fer direct entre Vienne et Munich. Il arrive toujours chargé de cadeaux, généralement des bijoux. Il est auprès d’elle le 25 décembre 1853, pour l’anniversaire de ses 17 ans. Il lui offrira un perroquet, présent original qui la comblera de bonheur !

Sissi est enchantée de ces parenthèses auprès de son fiancé car elle est soumise à un rude traitement. Elle doit commencer par apprendre le français, langue diplomatique, l’italien que l’on parle dans les provinces autrichiennes de Lombardie et de Vénétie et aussi le hongrois. C’est horriblement difficile. Mais on sait que Sissi le parlera admirablement et adorera la Hongrie . Les leçons se succèdent, entrecoupées d’interminables séances d’essayages. On lui confectionne son trousseau et sa garde-robe d’impératrice.

Quand la famille quitte Munich pour Possenhofen, le château familial au bord du lac de Starnberg, Sissi écrit des poèmes empreints de tristesse sur la beauté de la nature, les lacs, les animaux. Tout symbolise un adieu prématuré à son enfance si libre en compagnie d’un père original. Ce grand voyageur rapportait toujours à ses enfants des présents extraordinaires et des récits passionnants. Dans son hôtel particulier de Munich, il avait fait installer une piste de cirque où se produisaient clowns, acrobates et cavaliers dresseurs de chevaux pour le plus grand plaisir de ses enfants, en particulier Sissi. C’est à tout cela que la petite duchesse doit dire adieu. Elle est sincèrement amoureuse de François-Joseph mais elle a peur de la nouvelle vie qui l’attend à Vienne.

Sur le Danube, un voyage de légende

Le jeudi 20 avril 1854, après une messe dans le palais familial où elle a vu le jour, Sissi dit adieu au personnel et lui distribue des cadeaux. Dans une berline découverte, tirée par six chevaux, qui fend la foule émue, la jeune fille, ovationnée, se lève et salue pour la première fois. Le lendemain, à 2 heures de l’après-midi, les berlines et les calèches de Sissi et de sa famille atteignent Passau, la ville frontière entre la Bavière et l’Autriche. L’escorte bavaroise monte à bord d’un bateau accompagné par deux vapeurs autrichiens décorés. 

A 6 heures, ils atteignent Linz. François-Joseph les rejoint, ce qui n'était pas prévu. Il assiste auprès de sa fiancée à un gala suivi d’illuminations et d’une retraite aux flambeaux. Il repart pour Vienne à 4 heures de demie du matin. Trois heures plus tard, Sissi et sa famille montent à bord du plus beau vapeur à aubes du Danube, le "François-Joseph" dont le pont et les flancs sont recouverts de roses coupées le matin même dans les serres de Schönbrunn. 

Par ordre de l’empereur, la navigation est arrêtée sur le Danube. Les rivages du fleuve sont noirs de monde. Les fanfares jouent l’hymne impérial entre deux salves de canons. La fiancée de l’empereur salue la foule en agitant son mouchoir de dentelle. Le bateau arrive dans les faubourgs de Vienne, à Nussdorf. Il a à peine le temps d’accoster que l’empereur saute à bord. Il prend Sissi dans ses bras et l’embrasse sur la bouche devant des milliers de spectateurs. Du jamais vu à cette époque ! 

Tout le monde gagne Schönbrunn. Dans le salon de cérémonie de l’impératrice Marie-Thérèse, Sissi est présentée aux Habsbourg puis aux grands officiers de la Cour. Enfin, Sissi fait la connaissance de sa première dame d’honneur, la comtesse Esterhazy-Liechtenstein, 56 ans, austère et cérémonieuse. Sissi pressent qu’elle ne va pas s’entendre avec cette rigide gardienne de l’Etiquette. Une apparition au balcon devant une foule immense puis un grand dîner de gala. Enfin, les convives, épuisés, se retirent. La famille et les futurs mariés aussi.

"Un oiseau effrayé"

Le lendemain, 23 avril, le programme est très chargé. Sissi inaugure un nouveau pont, le pont Elisabeth sur la petite rivière l’Inn. Puis elle gagne le palais impérial, la Hofburg, où François-Joseph l’attend. Nouvelles présentations aux généraux, officiers et domestiques du palais. Le lendemain, 24 avril, le mariage est célébré à 7 heures du soir, dans l’église des Augustins qui jouxte la Hofburg. L’église est entièrement drapée de rouge, éclairée par 15.000 flambeaux qui font scintiller les diamants et les diadèmes de la mariée.

Sissi, désormais impératrice, subit une nouvelle présentation, cette-fois à l’Etat-Major et aux diplomates ; Après ces exténuantes corvées, le couple impérial ressort du palais pour traverser Vienne dans un carrosse découvert tiré par seulement deux chevaux. Tout Vienne leur fait un triomphe. A leur retour, un souper solennel leur est servi, de 10 heures à 11 heures du soir. Et puis, laissons parler Sophie, qui écrira dans son journal :

" Nous conduisîmes, Ludovika et moi, la jeune mariée dans sa chambre. Je la laissai avec sa mère et m’établis dans le cabinet à côté de sa chambre jusqu’à ce qu’elle fut au lit. Et je cherchai mon fils et l’emmenai près de sa jeune femme que je trouvai, en lui disant bonne nuit, cachant son joli visage inondé de la profusion de ses beaux cheveux dans son oreiller, comme un oiseau effrayé se cache dans son nid. "

L’oiseau effrayé, comme le dit si justement sa tante et belle-mère, va ressentir tout le poids de son nouveau statut. Elle aimerait avoir des moments d’intimité avec son mari. Ils seront rares. L’empereur a un emploi du temps très prenant. Elle en souffrira . Souvent, elle dira : "Si seulement il n’était pas empereur…"

Une vie conjugale étonnante

Ce couple aura une vie conjugale étonnante. Lui, l’homme de devoir, elle la rebelle, vont s’aimer, avoir des enfants, de grandes peines, un destin politique compliqué. Souvent, elle voyagera pour échapper à sa vie trop exposée. Mais ce coup de foudre durera toute leur vie commune, jusqu’à la mort de Sissi, assassinée à Genève le 10 septembre 1898. François-Joseph, effondré, dira alors : "Personne ne saura jamais combien je l’ai aimée…"

Publicité
En lien avec cette émission
Europe 1 Nuit
Société

Europe 1 Nuit

Maël Hassani

Tous les soirs, Maël Hassani vous livre le concentré de l'actualité du jour, tout en gardant un œil sur les événements à venir avec les Unes de la presse du lendemain.

Au coeur du crime
Société

"Au Cœur du Crime" vous propose de (re)découvrir en podcast des anciennes séries policières. Chaque mardi et chaque vendredi, écoutez un nouvel épisode intense et immersif ”Crime Story”, inspiré des grands romans policiers anglo-saxons et incarné par la célèbre voix de Serge Sauvion, doubleur de l’acteur Peter Falk. Chaque dimanche, vous retrouverez désormais “le siffleur”. Cette série policière diffusée sur Europe 1 dans les années 60, met en scène des personnages pris dans un engrenage infernal ou dont le destin est proche de basculer… <br /> <br /> “Au Coeur du Crime” est disponible sur le site et l’application Europe 1 ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.<br />

Société

Découvrez l’Histoire de France et du monde avec l’historienne Virginie Girod dans cette nouvelle saison du podcast "Au Cœur de l’Histoire" ! Embarquez pour un voyage dans le temps inédit sur fond de musiques originales, pour une immersion totale à la manière de la fiction audio. Virginie Girod met en lumière des personnages historiques inspirants et lève le voile sur des époques essentielles de l’Histoire.  Origines des guerres, complots, vies d’artistes, politiciens, pionniers, retrouvez de nouveaux épisodes tous les jours sur une variété de sujets allant de l’Antiquité à nos jours.  Les lundis, mardis, jeudis et vendredis, plongez dans des récits 100% immersifs, puis chaque mercredi et samedi Virginie Girod vous propose une interview inédite avec un invité historien, chercheur, journaliste, pour en apprendre encore plus.  "Au Cœur de l’Histoire" est une production Europe 1 Studio.  

Au Coeur de l'Actu
Société

Au Coeur de l'Actu

Julien Pichené

 "Au Coeur de l'Actu", c'est le podcast de la rédaction d'Europe 1 qui vous éclaire sur les sujets qui font l'actualité. Découvrez nos formats courts "10 minutes pour tout savoir" et nos séries documentaires, enrichis avec les archives de la radio.

Réécoute Olivier Delacroix
Société

Libre antenne

Olivier Delacroix

Au cœur de la nuit, les auditeurs se livrent en toute liberté aux oreilles attentives et bienveillantes d'Olivier Delacroix, du lundi au jeudi, et de Valérie Darmon, du vendredi au dimanche. Pas de jugements ni de tabous, une conversation franche mais aussi des réponses aux questions que les auditeurs se posent. Un moment d'échange et de partage propice à la confidence pour repartir le cœur plus léger. Si vous aussi vous souhaitez témoigner, laissez vos coordonnées en appelant Europe 1 au : 01 80 20 39 21 (numéro non surtaxé).

Société

Les années Top 50

Ombline Roche

Tous les soirs du lundi au vendredi entre 22h15 et 22h30 Ombline Roche vous plonge dans les musiques des années Top 50 sur Europe 1. Et si vous en voulez plus, rendez-vous les samedis et dimanches entre 21h et 22h ! 

Europe 1 Matin
Société

Europe 1 Matin

Dimitri Pavlenko

Deux heures de direct à l'écoute de celles et ceux qui font le monde : le raconter, le décrypter et l'analyser pour donner des clés de lecture et de compréhension aux auditeurs.

Destins Extraordinaires Europe 1
Société

Qui sont réellement ces icônes qui ont marqué la France et leur époque ?Ce nouveau podcast d'archives vous transporte dans le passé et retrace pour vous les parcours et épreuves hors du commun de ces artistes et grandes personnalités françaises. Comment sont nées ces légendes aux destins extraordinaires ? Des récits uniques, racontés par les grandes voix d'Europe 1 !

Europe 1 Soir
Société

Europe 1 Soir

Pierre de Vilno

Le tour complet de l'actualité en compagnie de Pierre de Vilno et de la rédaction d'Europe 1 de 19 heures à 21 heures.

Micro Europe 1
Société

Formidables échecs

Hervé Mathoux

Chaque parcours de vie est constitué de réussites mais aussi… d’échecs. Bien souvent, ceux-ci nous renforcent et nous apprennent autant, si ce n’est plus que les succès. Dans cette nouvelle série d’entretiens, le journaliste Hervé Mathoux évoque avec son invité ses plus beaux "accidents". Première personnalité à se plier à l’exercice : l’acteur Denis Podalydès, sociétaire de la comédie française.