Taxe «Zucman» : le gouverneur de la Banque de France y voit une possible «illusion fiscale»
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a invité jeudi à la prudence concernant la taxe "Zucman", impôt plancher sur le patrimoine des plus aisés débattu dans l'après-midi au Sénat. Ce dernier estime que le rendement annoncé "pourrait être une illusion fiscale".
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a invité jeudi à la prudence concernant la taxe "Zucman", impôt plancher sur le patrimoine des plus aisés débattu dans l'après-midi au Sénat, estimant que le rendement annoncé "pourrait être une illusion fiscale".
Poussée par la gauche et des économistes reconnus, mais risquant fort d'être rejetée à la Haute assemblée, la proposition de loi prévoit l'application d'une "contribution différentielle" visant les patrimoines de plus 100 millions d'euros pour s'assurer que les "ultra-riches" paient au moins 2% de leur fortune en impôts.
Selon l'économiste français Gabriel Zucman, directeur de l'Observatoire européen de la fiscalité et connu pour avoir porté cette proposition à l'échelle mondiale à l'agenda du G20, cela rapporterait environ 20 milliards par an et concernerait 1.800 foyers.
"C'est beaucoup plus que ce que n'a jamais rapporté l'ISF"
Interrogé sur France Info, le gouverneur de la Banque de France s'est dit, "à titre personnel", "très sensible à la justice fiscale", rappelant que le gouvernement réfléchissait à une taxe anti-optimisation sur les hauts patrimoines. "Je suis prudent en même temps sur ce qui pourrait être une illusion fiscale à cause du rendement qui est annoncé de cette taxe Zucman", a-t-il poursuivi : "c'est beaucoup plus que ce que n'a jamais rapporté l'ISF, l'impôt de solidarité sur la fortune en France, qui était autour de 5 milliards" d'euros.
"Alors pourquoi est-ce qu'il y a cette différence? Très probablement parce que cette taxe frapperait aussi les biens professionnels, c'est-à-dire les entreprises françaises, leurs créateurs et leurs propriétaires", a-t-il affirmé. "Cela aurait des conséquences économiques, surtout que cette taxe n'existe pas dans d'autres pays", selon lui.
Moins de dépenses plutôt que plus de fiscalité
L'économiste Gabriel Zucman l'a contredit sur le réseau social X assurant que "cette taxe ne touch(ait) pas les entreprises" et "ne changerait rien à l'attractivité de notre territoire pour les investissements étrangers". Il a réitéré son estimation de 20 milliards d'euros de recettes : "ce n'est pas le retour de l'ISF dont nous parlons" parce que "l'ISF, mité de niches, exonérait entièrement les grandes fortunes".
"Le fait de base est qu'avec un taux plancher de 2%, la fortune des milliardaires ne serait pas rabotée", a-t-il ajouté, "mais elle continuerait à croître". Pour le gouverneur de la Banque de France, le redressement des finances publiques de la France, et le retour de son important déficit sous les 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2029, doit porter en priorité sur les dépenses plutôt que la fiscalité.
"La France a déjà plus d'impôts que nos voisins (...) mais la France a encore plus d'écart de dépenses par rapport à nos voisins", a-t-il argumenté. Cet effort sur les dépenses "doit concerner tout le monde" et "commencer par les plus favorisés", a-t-il ajouté.