Les principaux syndicats de la SNCF et de la RATP appellent à cesser le travail pour protester contre la réforme des retraites, le 5 décembre 1:30
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Olivier Samain, édité par Maxime Dewilder , modifié à
À deux semaines de la grève du 5 décembre et alors que la SNCF va franchir une étape majeure, dans six semaines, avec la fin du recrutement des agents au statut, la Cour des comptes a publié lundi un rapport où elle cible particulièrement les voyages gratuits auxquels ont droit les cheminots et leur famille.
ON DÉCRYPTE

Rigidité de l'organisation du travail, trop faible polyvalence des agents, taux anormalement élevé d'absentéisme, progression des rémunérations trop dépendante de l'ancienneté... De gros chapitres sont consacrés à ces différents sujets dans le rapport de la Cour des comptes sur la politique des ressources humaines de la SNCF. A la fin du rapport, la Cour des comptes se penche aussi sur les voyages gratuits dont bénéficient les cheminots et leurs familles. Là-dessus, dit-elle, il y aurait pas mal de choses à revoir aussi. Le rapport intervient dans un contexte tendu. Le 5 décembre, les principaux syndicats de la SNCF et de la RATP appellent à cesser le travail pour protester contre la réforme des retraites.

Dans le langage cheminot, on appelle ça les "facilités de circulation". Elles existent depuis la création de la SNCF en 1938 et elles permettent de voyager soit gratuitement, soit avec une réduction de 90%. En 2013, la Cour des comptes avait préconisé de réduire le périmètre des bénéficiaires. Garder les cheminots, leurs conjoints et leurs enfants, oui, mais exclure les parents et les grands-parents du cheminot ainsi que ceux de son conjoint qui avaient droit à quatre allers-retours gratuits par an.

Coûts directs et indirects

Finalement, les demandes de la Cour des comptes n'avaient pas été satisfaites puisque les cheminots ont toujours ce droit. Au total, dit la cour, en six ans, le nombre de bénéficiaires a bondi de 20% et le coût de ces facilités pour la SNCF atteint aujourd'hui 220 millions d'euros par an. Il s'agit du coût direct. Mais il y a aussi un coût indirect : la présence de nombreux bénéficiaires de ces facilités de circulation dans des trains complets ou quasi-complets aboutit au fait que certains clients ne peuvent plus prendre les trains en question.

"Cet effet est d'autant plus dommageable", dit la cour des comptes, "qu'il concerne souvent des liaisons en heure pleine à forte recette potentielle". En recettes perdues, cela coûterait 30 millions d'euros par an. D'où la double recommandation de la cour : réduire pour de bon le périmètre des bénéficiaires de ces facilités de circulation et limiter les jours et les plages horaires où on peut en bénéficier.