Sanofi arrête son usine de Mourenx, responsable de rejets toxiques hors norme

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L'usine Sanofi de Mourenx a été arrêtée dès mercredi. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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Mediapart et franceinfo ont révélé dimanche que l'usine Sanofi de Mourenx rejette jusqu'à 190.000 fois la norme autorisée pour une substance considérée comme cancérigène.

Le groupe pharmaceutique Sanofi a annoncé lundi soir l'arrêt immédiat de la production de son usine chimique de Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, devant le tollé suscité par des informations de presse sur ses émissions hors norme de rejets toxiques.

Enquête interne. "Sanofi Chimie décide d'engager dès aujourd'hui l'arrêt de la production de son site de Mourenx, et d'opérer les améliorations techniques annoncées et indispensables à un retour à la normale", a déclaré le groupe dans un bref communiqué, précisant avoir diligenté une enquête interne "pour mieux comprendre les causes et l'historique de la situation".

"Matières dangereuses à des taux astronomiques". Cette usine d'une cinquantaine de salariés, installée dans le bassin industriel de Lacq, est au coeur d'une grosse polémique environnementale depuis dimanche. Selon l'association France Nature Environnement (FNE), qui compte prochainement déposer plainte, le site rejette des "matières dangereuses à des taux astronomiques".

Des taux bien supérieurs à la norme autorisée. L'usine a l'autorisation d'émettre "cinq composés organiques volatils (bromopropane, toluène, isopropanol, valéonitrile et propène) dans l'air dans la limite globale de 110 mg/m3", a indiqué FNE dans un communiqué.  Cependant "il en émet en réalité 770.000 mg/m3, soit 7.000 fois plus que la norme autorisée", a encore affirmé FNE, qui fédère 3.500 associations de protection de l'environnement. La situation est encore plus grave dans le cas du bromopropane, qui entre dans la composition du valproate de sodium (Dépakine), avec des contrôles ponctuels ayant révélé des dépassements "de 90.000 fois et 190.000 fois la norme", selon FNE.

Une communication tardive, selon France Nature Environnement. "Sanofi n'a communiqué cette information à la préfecture qu'en mars dernier, lors d'une inspection", affirme l'association. "Si ces dépassements ont été possibles c'est parce que Sanofi ne contrôlait pas ses trois colonnes (de l'usine), mais une seule. Jamais contrôlées, les deux autres ont envoyé ces quantités astronomiques de polluants dans l'air", ajoute-t-elle.