«Dieselgate» : Renault, Peugeot-Citroën, Mercedes... Le procès des cinq géants de l'automobile s'ouvre à Londres
Le procès géant impliquant cinq géants de l'automobile, dont Renault et Peugeot-Citroën, s'ouvre lundi 13 octobre à Londres. Il s'agit du nouvel épisode du scandale mondial des voitures diesel truquées, dont les conclusions pourraient s'imposer à de nombreux autres constructeurs dans le pays.
Renault, Peugeot-Citroën, Mercedes... Cinq géants de l'automobile se retrouvent ce lundi 13 octobre sur les bancs des accusés, dans le procès hors norme du "Dieselgate" à Londres. Accusés d'avoir truqué des voitures diesel et menti sur leurs émissions d'oxydes d'azote, tous nient les faits dans un procès aux conséquences très attendues dans le secteur.
30 milliards d'euros d'amende déjà réglés pour Volkswagen
Parmi les entreprises étrangères présentes sur les bancs des accusés, l'allemande Mercedes, la japonaise Nissan et l'américaine Ford en plus de Renault et Peugeot-Citröen seront jugés durant les trois prochains mois devant la Haute Cour de Londres.
Le "Dieselgate", scandale international qui a éclaté en 2014, a déclenché l'ouverture de procédures civiles et pénales dans le monde entier (notamment en Allemagne, en France, aux Etats-Unis ou en Corée du Sud). Les plus grands fabricants automobiles sont ainsi suspectés d'avoir manipulé des véhicules pour passer les contrôles antipollution, notamment des émissions d'oxydes d'azote (NOx), depuis au moins 2009.
Ainsi, lors de contrôles effectués en 2014, certains modèles de voiture émettaient jusqu'à 22 fois plus de particules que les seuils autorisés. Grâce à leur "truqueur", les géants de l'automobile revalorisaient la valeur de leurs véhicules, tout en vantant leurs capacités écologiques.
Le procès londonien se concentrera d'abord sur la responsabilité des constructeurs, avant une éventuelle seconde procédure à partir d'octobre 2026 concernant les indemnisations.
Lors de son procès de 2020, Volkswagen avait reconnu avoir commercialisé dès 2015 plus de 11 millions de véhicules dans le monde équipés d'un "logiciel truqueur" détectant les phases de tests pour diminuer ses émissions, sans pour autant reconnaître sa responsabilité.
L'entreprise a déjà réglé une facture dépassant les 30 milliards d'euros, dont la plus grande part aux Etats-Unis, et mis fin aux procédures en 2022 en réglant à l'amiable 193 millions de livres, soit 222 millions d'euros.
Des acheteurs "trompés" par des voitures bien plus polluantes qu'annoncé
Mais l'affaire "est beaucoup plus large que Volkswagen : elle concerne presque tous les constructeurs" qui vendent des voitures au Royaume-Uni, selon Martyn Day, du cabinet d'avocats Leigh Day, principal représentant des plaignants, qui estime les indemnisations en "milliards de livres".
Car l'issue du procès pourrait faire jurisprudence et s'appliquer aux autres constructeurs qui font l'objet de plaintes au Royaume-Uni. Selon le cabinet d'avocat Leigh Day, 1,6 million de conducteurs demandent compensation dans le pays.
Des constructeurs comme Volkswagen-Porsche, Vauxhall-Opel, Jaguar Land Rover, BMW, FCA-Suzuki, Volvo, Hyundai-Kia, Toyota et Mazda, accusés eux aussi d'avoir triché sur les émissions produites par leurs véhicules, pourraient ainsi se voir contraints de payer des dédommagements sur décision du juge.
Sollicités, Ford et Mercedes rejettent de leur côté des "allégations sans fondement". Renault et Stellantis, la maison-mère de Peugeot et Citroën, assurent que les véhicules vendus étaient tous "conformes" aux réglementations. Nissan n'a pas souhaité faire de commentaire.