Pyrénées-Atlantiques : une association dépose plainte contre une usine Sanofi qui pollue au-delà des normes

L'usine Sanofi Chimie de Mourenx rejette cinq polluants dans des proportions largement supérieures aux normes autorisées
L'usine Sanofi Chimie de Mourenx rejette cinq polluants dans des proportions largement supérieures aux normes autorisées © ERIC PIERMONT / AFP
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L'usine Sanofi Chimie rejette jusqu'à 190.000 fois la norme autorisée pour une substance considérée comme cancérigène et 700 fois les taux autorisés pour quatre autres polluants, selon deux médias. Un bilan dénoncé par l'association France Nature environnement qui va déposer plainte lundi.

L'association France Nature environnement a annoncé qu'elle allait déposer plainte contre l'usine Sanofi de Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, qui fabrique le médicament controversé Dépakine, pour des rejets toxiques au-delà des normes, révélaient franceinfo et Mediapart (édition abonnés) dimanche.

Cinq polluants rejetés en masse. L'usine Sanofi Chimie qui produit le principe actif de la Dépakine - ce médicament anti-épileptique qui provoque des troubles neuro-développementaux chez les fœtus - a rejeté jusqu'à 190.000 fois la norme autorisée pour le bromopropane, une substance classée comme cancérigène et altérant la fécondité, selon un rapport la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) daté du 14 avril 2018. Un polluant considéré comme "la substance la plus préoccupante d’un point de vue sanitaire", selon les experts de la Dreal, cite Mediapart.

D'autres composés organiques volatils (COV) ont également été rejetés dans l'air par cette même usine. Les taux de toluène, propène, isopropanol et valéronitrile ont dépassé les seuils autorisés avec 770 milligrammes rejetés par mètre cube, au lieu des 110 milligrammes autorisés, et ce pendant les huit heures de fonctionnement de l'entreprise.

Des mesures prises tardivement. Par ailleurs, deux cheminées du site n'ont fait l'objet d'aucune mesure alors que le suivi des rejets de COV est obligatoire, a révélé une inspection en septembre 2017. Un problème pris en charge un mois plus tard par Sanofi. De même, des mesures ont été prises pour limiter les rejets de polluants quatre mois après la note interne émise en février 2018. La Sepanso, la fédération régionale d’associations de protection de la nature en Aquitaine, estime que ces rejets excessifs ont commencé dès 2012, lors d'un changement de procédé de fabrication sur le site. 

Une préfecture jugée trop laxiste. Lors du dernier comité de suivi de l'usine, en juin, Sanofi a annoncé un plan d'action pour réduire les COV. Le groupe pharmaceutique assure également que les rejets de son usine ne sont pas dangereux pour la santé des riverains. Un bilan que ne partagent pas la CGT locale et des associations de protection de l'environnement. Ils dénoncent notamment le trop grand laxisme de la Dreal qui n'a fait que mettre en demeure Sanofi, dans un arrêté préfectoral d'avril 2018, avec l'obligation de respecter les limites officielles dans les trois mois. 

Sanofi dément. Sanofi a réagi à ces accusations, assurant que "les populations ne sont pas exposées à des niveaux supérieurs aux seuils fixés par la réglementation", dans un communiqué. Le groupe indique de son côté avoir "diligenté une étude d'impact sanitaire auprès d'un organisme indépendant qui a conclu que les populations ne sont pas exposées à des niveaux supérieurs aux seuils fixés par la réglementation".

"Un plan d'actions a immédiatement été engagé par le site qui a mis en place une unité de collecte et de traitement des rejets afin de les réduire significativement. Cette unité est en cours de démarrage", selon un communiqué du groupe pharmaceutique français.