Alors que les prix du gaz et de l'électricité augmentent, les aides à la rénovation chutent. 0:57
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Tatiana Geiselmann, édité par Laura Laplaud
Alors que les prix du gaz et de l'électricité augmentent, les aides à la rénovation chutent. Les CEE, certificats d'économie d'énergie, ces primes pour l'isolation énergétique, ont perdu entre 20 et 30% depuis le 1er mai. Les entreprises du BTP craignent une baisse du nombre de chantiers.

C'est une mesure qui semble un peu arriver à contretemps : alors que les prix de l'énergie augmentent, les primes accordées pour la rénovation des logements ont, elles, été revues à la baisse en ce mois de mai. C'est notamment le cas des CEE, certificats d'économie d'énergie, l'un des dispositifs liés à MaPrimRénov, qui aide les ménages à mieux isoler les sols, les murs et les toits de leur maison. Ils ont perdu entre 20 et 30% au 1er mai.

Un économie de 5.000 euros sur le chantier

Nombreux sont donc les particuliers à s'être précipités pour signer leur devis avant la fin du coup de pouce. En Alsace, Hussein Ay souhaite isoler les murs de sa maison de Schiltigheim, car sa facture de gaz a atteint des sommets. "Depuis début janvier, je suis passé de 700 euros de facture tous les deux mois à 1.600 euros". Pour apposer des panneaux isolants sur les quatre façades de son logement, cela va lui coûter 35.000 euros de travaux. "Je me suis dépêché de trouver une entreprise, pour pouvoir bénéficier de la prime CEE, ça va me faire 4.000 à 5.000 euros d'économie".

Sans cette aide, il n'aurait pas lancé le chantier, ou en tout cas, pas si tôt. "Je n'aurais pas eu les moyens", soupire le chauffeur routier, "je ne peux pas débourser 40.000 euros juste pour refaire une façade". Dans un second temps, il aimerait aussi changer de chaudière, pour basculer vers une pompe à chaleur, mais tout dépendra des aides accordées par l'État.

Des travaux pris en charge à 50%

Des clients comme Hussein, Moustafa Turhan en a vu défiler beaucoup ces dernières semaines. Rien qu'au mois d'avril, sa société Bati GP Est, spécialisée dans l'isolation extérieure des maisons, a signé une dizaine de contrats, contre quatre ou cinq habituellement. "On a eu un surcroît d'appels, avec des clients qui voulaient absolument signer tout de suite, pour pouvoir encore bénéficier des primes", raconte le jeune PDG. Son carnet de commandes est d'ailleurs plein jusqu'à fin 2022.

 

Cependant, comme beaucoup d'entreprises du BTP, Moustafa Turhan s'inquiète pour 2023. "Sans les aides, nos prochains clients vont avoir du mal à se lancer », soupire l'entrepreneur. Il y a encore un an, certains ménages pouvaient bénéficier, selon leurs revenus, de primes couvrant 80 à 90% des dépenses du chantier. "Désormais, c'est 50% maximum". Son inquiétude est d'autant plus grande qu'en parallèle, le coût des matières premières augmente lui aussi. Selon la Fédération française du bâtiment, bois, acier et panneaux isolants ont pris entre 5 à 20% au cours des derniers mois.