Qu’est-ce que "l’économie bienveillante", ou la manière de "gagner de l’argent en faisant le bien" ?

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Clara Gaymard, cofondatrice de la société Raise, promeut "l’économie bienveillante" et la "générosité comme moteur de l'économie". Elle était mardi l’invitée du Forum Europe 1, organisé au Bataclan.

Comment redonner du sens à l’économie ? Comment instaurer une économie plus juste et égalitaire ? Ces questions étaient au cœur du Forum Europe 1 Liberté, Egalité, Fraternité, organisé mardi au Bataclan. Pour Clara Gaymard, cofondatrice de la société d’investissement et de conseil Raise, la réponse tient en une injonction : promouvoir "l’économie bienveillante". Et pour cela, les entreprises, peut-être encore plus que l’Etat, ont un rôle déterminant à jouer.

"Gagner de l'argent en faisant le bien". La société Raise conseille des petites comme des grandes entreprises et investit dans des start-up de tailles moyennes, tout en reversant une partie de ses bénéfices à d’autres start-up au projet viable, mais qui connaissent des difficultés financières. Aussi, Raise vient de lancer en ligne une plateforme, baptisée "mouvement pour une économie bienveillante", dont le but est de coordonner diverses initiatives visant à redonner du sens à l’économie.

"Il s’agit de réconcilier les Français avec cette idée que gagner de l’argent en faisant le bien, c’est possible", indique Clara Gaymard. Et de citer par exemple l’entreprise Phenix, qui conseille les collectivités, les industriels ou les groupes de grande distribution sur la manière d’utiliser et recycler leurs déchets. "Ils viennent de distribuer 100.000 repas gratuits et de lever 15 millions d’euros de fonds en même temps", vante Clara Gaymard. Et de citer encore l’application Yuka, qui permet d’indiquer aux consommateurs si les aliments qu’ils achètent sont sains et respectueux de l’environnement.

"Il s’agit de repenser la force de la générosité, la puissance de la générosité comme moteur économique. Je n'aime pas dire que l'entreprise est amorale. S'il n'y a pas la notion du bien, pour l'entreprise, les salariés, les clients, les actionnaires, toutes les parties prenantes, l'entreprise ne réussit pas durablement. Il faut rappeler cela. La générosité est un moteur économique", insiste la cofondatrice de Raise.

"Nourrir les territoires au lieu de les assécher". La charte de la plateforme "mouvement pour une économie bienveillante" a déjà réuni 4.500 signatures, venant d’entreprises ou de particuliers d’horizons différents. "Il y a des entreprises qui laissent le temps à leurs salariés pour faire des actions philanthropiques dans leur propre expertise. Si je suis boulanger, et que le samedi je vais aider des enfants à faire des gâteaux ou du pains, je fabrique de l’économie bienveillante. Il faut se poser la question de savoir si notre responsabilité en tant qu'entrepreneur n’est pas d’être présent dans les territoires. Ça nous reviendra à un moment car on nourrit les territoires au lieu de les assécher", poursuit Clara Gaymard.

Et de donner encore un exemple : "On pourrait imaginer qu’une enseigne de grande distribution qui ouvre un supermarché soit aussi incitée à maintenir une épicerie ou un petit commerce dans un village. Pour que ceux qui n’ont pas de voitures pour faire 30 km puissent avoir des produits de la vie courante. On pourrait réfléchir à des outils comme ça".