Quand les éleveurs partent à la rencontre des grandes surfaces

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© JEAN-PIERRE MULLER / AFP
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Walid Berrissoul avec N.M. , modifié à
Éleveurs et grande distribution sont capables de se parler comme le démontre les agriculteurs de la Manche.

La grande distribution est pointée du doigt dans la crise qui touche aujourd'hui l'élevage français. Tout comme l'industrie agro-alimentaire, elle est jugée par les éleveurs comme responsable de la baisse des prix. À Saint-Lô, dans la Manche, des responsables de grandes enseignes n'hésitent cependant pas à aller à l'encontre des éleveurs pour engager le dialogue. Mais le monde paysan, lui, ne cache pas sa méfiance.

Marquer la grande distribution "à la culotte". Les représentants des grandes surfaces ont invité les agriculteurs à leur rendre visite. C'est ainsi que par petits groupes, les éleveurs vont écumer les établissements du département, avec le plein accord de la FNSEA.

Daniel Prieur, secrétaire général adjoint du syndicat agricole, fait la tournée des barrages pour recruter des volontaire pour les visites. Si le principe du dialogue est accepté, le discours, lui, est offensif : "Il faut faire comme au foot : un marquage à la culotte de ces gens-là, parce qu'on sait que dès qu'on sera moins proche d'eux, ils se débrouilleront pour nous filer entre les pattes". Les objectifs de ces rencontres doivent être concrets : "Dans un fromage 'Caprice des dieux', combien de retour pour le paysan ?", expose Daniel Prieur. Les éleveurs dénoncent le prix d'achat de leurs produits, bien trop bas selon eux pour pouvoir assurer la pérennité de leurs exploitations.

Des pratiques jugées opaques. La FNSEA est même en train d'élaborer un questionnaire destiné aux directeurs des grandes surfaces. Ces derniers refusent de servir de boucs émissaires dans cette crise des prix bas. Pourtant, les agriculteurs, eux, se montrent méfiants envers la grande distribution. Pour Thomas, jeune éleveur, l'opacité est encore de mise : "C'est tout simplement leurs techniques de négociations qui sont plus ou moins secrètes", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Nous, si on n'a pas connaissance du chiffrage précis de ces transactions, c'est impossible de savoir qui dit vrai et qui dit faux" de l'industriel agro-alimentaire ou du patron de grande surface. 

Grande distribution ou industriels ? Du producteur au consommateur, 208 millions d'euros manquent aux agriculteurs et éleveurs de la Manche, estiment les syndicats. Un rapport du médiateur des prix agricoles doit déterminer qui, de l'industrie ou de la grande distribution, freine la hausse des prix de la viande payés aux éleveurs. Remis mardi au ministre, il sera rendu public mercredi.