Eleveurs laitiers : "On nous prend pour des imbéciles"

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Photo d'illustration. © JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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Pierre-Baptiste Vanzini et L.H. , modifié à
Yannick et son fils, producteurs de lait en Loire-Atlantique, sont en pleine incertitude face à la chute des prix.
TÉMOIGNAGE

Les tracteurs sont de nouveau de sortie mardi. Les éleveurs bloquaient les accès à Caen et Evreux, ainsi que le Mont-Saint-Michel. Ils s'indignent contre les prix de vente du lait et de la viande, trop faibles pour qu'ils puissent en vivre, et réclament un déplacement du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Europe 1 a rencontré un père et son fils, producteurs de lait en Loire-Atlantique. Il y a quelques mois, ils espéraient beaucoup de la suppression des quotas laitiers, le 31 mars dernier. Aujourd'hui, leurs illusions sont retombées.

"C'est vraiment un leurre". La fin des quotas, c'était en effet la perspective de produire plus, et donc d'augmenter le chiffre d'affaires. Mais le prix du lait a chuté de plus de 15% sur un an. "On nous prend un peu pour des imbéciles", s'indigne le père, Yannick, au micro d'Europe 1. "Aujourd'hui, je m'aperçois que c'est vraiment un leurre". Et pourtant, "on était plein de volonté pour produire", soupire-t-il.

"Il faut qu'ils se réveillent". "J'arrive à un âge où si j'investis, c'est surtout pour mon fils. Mais il est vraiment indécis parce qu'on ne connaît pas trop l'avenir", poursuit Yannick. Son fils Jérémy, 26 ans, avait des projets plein la tête au printemps dernier. Il envisageait notamment d'investir dans une nouvelle laiterie. Tout cela est oublié. "On attend", lâche-t-il au micro d'Europe 1. "J'étais motivé, mais ça fait huit ans que je travaille ici, et les prix n'ont pas changé. Seules les charges ont changé ! Il faut qu'ils se réveillent". Mardi, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a annoncé des mesures d'aide spécifiques pour l'élevage. 

Le jeune homme ne sait pas s'il sera encore paysan dans quelques mois. S'installer pour de bon lui coûterait 300.000 euros. Un pari sur son avenir qu'il n'est pas sûr de vouloir tenter.