Fruits et légumes, supermarché, grande distribution, THOMAS SAMSON / AFP 1280 1:39
  • Copié
Grégoire Duhourcau
Daniel Sauvaitre, secrétaire général de l'interprofession des fruits et légumes, assure au micro de François Clauss sur Europe 1 que "plus de la moitié de notre consommation de fruits et légumes est importée". Olivier Dauvers, directeur du Think Tank Agroalimentaire pour "Les Echos", y voit deux principales raisons.
LE TOUR DE LA QUESTION

Interfel, l'interprofession des fruits et légumes frais, est inquiète face à l'augmentation du prix des fruits et légumes. Elle a donc réclamé une baisse drastique de la TVA et la mise en place de bons d’achat pour les consommateurs les plus modestes.

"La part de marché des produits exotiques ne cesse d'augmenter." "Plus de la moitié de notre consommation de fruits et légumes est importée", déplore Daniel Sauvaitre, secrétaire général d'Interfel, au micro de François Clauss sur Europe 1. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela, analyse Olivier Dauvers, directeur du Think Tank Agroalimentaire pour Les Echos et spécialiste de la grande distribution. La première est que nous avons "fait venir des produits que l’on ne connaissait pas il y a quelques décennies" et qui ne peuvent être cultivés en France, comme le litchi par exemple. "La part de marché des produits exotiques ne cesse d'augmenter", reconnaît Daniel Sauvaitre.

Mais ce n'est pas tout. "Pour des produits qui, pourtant, pourraient pousser en France, la compétition internationale joue malheureusement en défaveur des producteurs français", explique Olivier Dauvers. Les agriculteurs français subissent "la concurrence de pays voisins qui sont bien moins chers" et "mécaniquement, ça augmente les importations".

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

Des concurrents européens qui "ont des règles beaucoup plus souples". "Les producteurs français sont moins compétitifs sur des tas de sujets, de règles environnementales, des règles sociales, de règles fiscales. Si on laisse faire ça, c’est la mort à petit feu de la production agricole française", s'alarme-t-il. Il prend l'exemple des Polonais, qui "ont des règles beaucoup plus souples que les producteurs français sur des sujets environnementaux par exemple, sociaux aussi, avec le coût de la main d’œuvre".

Résultat : la Pologne est le "deuxième pays producteur de pommes au monde", appuie Daniel Sauvaitre. Avec le bénéfice d'aides européennes massives, les Polonais sont arrivés "en surproduction" de pommes : "Ils ne savent plus quoi en faire !" Donc "ils déversent leur marchandise un peu partout, à 40% du prix des nôtres...", poursuit-il.

"Le politique français doit enfin être mis face à ses responsabilités." Pour Olivier Dauvers, le coupable de cette situation est tout trouvé. "Le malheur des paysans français ne prend pas sa source dans les stratégies" de "la grande distribution, de la restauration ou que sais-je encore", martèle-t-il. "Il prend sa source dans le fait que les politiques français ont été timorés pendant des décennies pour obtenir les mêmes règles entre pays européens. Le politique français doit enfin considérer qu’il a la responsabilité du sort des producteurs agricoles français."

Il appelle donc à faire "en sorte, déjà, que tous les concurrents européens des producteurs français aient les mêmes règles" : "Il y aujourd’hui de telles différences dans les conditions de production entre pays d’Europe, que le paysan français, par principe, sera toujours plus cher." Conclusion : "Le politique français doit enfin être mis face à ses responsabilités."