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Barthélémy Philippe // Crédits photo : MAGALI COHEN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Gabriel Attal l’a confirmé mercredi soir sur TF1 : une réforme de l'Assurance chômage est prévue d'ici l'automne. Le Premier ministre y voit une source d’économies non-négligeable, alors que le déficit public pour 2023 a dérapé, mais une telle réforme serait finalement peu lucrative selon certains économistes.

Il y aura une réforme de l'assurance-chômage d'ici l'automne, comme l'a affirmé mercredi soir Gabriel Attal sur le plateau de TF1. Le Premier ministre a laissé plusieurs options sur la table, comme la réduction de la durée d'indemnisation maximale de 18 à 14 voire 12 mois, ou encore l'allongement de la durée de travail nécessaire, six mois sur les deux dernières années actuellement, pour toucher le chômage.

Gabriel Attal voit dans cette future réforme un moyen d’atteindre le plein-emploi d’ici à la fin du quinquennat. Mais surtout, une source d’économies non-négligeable, alors que les chiffres du déficit public pour 2023 ont provoqué un électrochoc. Malgré tout, selon certains économistes, un nouveau coup de rabot sur les droits des chômeurs aurait des résultats limités.

"Cela ne rapporterait pas énormément d’argent"

Parmi les dépenses sociales, l’Assurance chômage pèse quasiment dix fois moins lourd que les retraites. Un nouveau tour de vis ne permettra donc pas de soulager véritablement les finances publiques, selon l’économiste Bertrand Martinot : "Cela ne rapporterait pas énormément d’argent, car en fait, c’est une petite minorité de chômeurs qui utilisent la totalité de leurs droits. On joue sur quelques dizaines de millions, au mieux quelques centaines de millions d’euros. Or, la question des finances publiques se joue par paquet de milliards d’euros".

La réforme ne serait pas plus efficace dans la quête du plein-emploi à l’horizon 2027. Elle irait même contre le principe instauré l’année dernière, poursuit l'économiste : "Le chômage augmente, on a même pas d’évaluation des réformes précédentes. Il est très dangereux de se lancer dans une diminution générale des droits à l’assurance-chômage". Bertrand Martinot ajoute : "L’Assurance-chômage doit être plutôt plus généreuse quand le chômage augmente et plus stricte quand le chômage diminue. La dernière réforme qui a été faite, il y a une règle de contracyclicité, donc laissons la jouer". 

"Inacceptable" pour la CGT

Cibler l’assurance-chômage est avant tout un choix politique peu risqué. Il fait consensus parmi les retraités, qui votent massivement pour Emmanuel Macron et ne déclenchera pas de grève chez les fonctionnaires, dont l’emploi est garanti à vie.

L'annonce de Gabriel Attal a toutefois suscité de vives réactions parmi les syndicats. Cette réforme est "inacceptable" pour la CGT. La CFTC, syndicat des cadres, la qualifie même de "considération populiste digne d'un gouvernement du coin du bar". Pour Marine Le Pen, c'est une "escroquerie" qui vise à "faire les poches des Français pour renflouer les caisses de l'État".