Xavier Jaravel 1:01
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Manon Bernard
Professeur à la London School of Economics et lauréat du prix du meilleur jeune économiste 2021, Xavier Jaravel oriente ses travaux vers les inégalités et leur rapport avec l'innovation. Il était l'invité de Matthieu Belliard dans la matinale d'Europe 1 mercredi où il a exposé ses nouvelles théories.
INTERVIEW

C’est une réflexion novatrice sur les inégalités. Xavier Jaravel, professeur à la London School of Economics, croise ses travaux sur les inégalités et ceux qui concernent l’innovation. Pour lui, les inégalités ralentissent l'innovation et celle-ci peut également être source d’inégalité. Le lauréat du prix du meilleur jeune économiste 2021 était l’invité de Matthieu Belliard dans la matinale d’Europe 1, mercredi, pour nous expliquer les ressorts de ce cercle vicieux.

Certaines personnes ne bénéficient pas de l’innovation, assure Xavier Jaravel. Ce manque d’accès à l’innovation creuse les inégalités. "Quand on est dans une société où il n'y a pas d'égalité des chances face aux métiers d'innovation (l’entreprenariat, la recherche par exemple), il y a un impact sur la croissance", expose l’économiste.

De fortes inégalités sociales bloquent l’accès à l’innovation

Et le fait est qu’aujourd’hui, tout le monde ne peut pas accéder à ces métiers de l’innovation. Selon les travaux de Xavier Jaravel, les personnes issues des 10% de familles les plus riches de la population ont dix fois plus de chances de devenir innovateur ou entrepreneur que quelqu’un issu d'une famille en dessous du seuil des 50% des foyers les moins aisés.

Toute une partie de la population est exclue de l’innovation, faute de réseau ou de moyens pour investir, par exemple. Et le système scolaire ne permet pas de corriger ces inégalités. "A performances scolaires égales et à aptitudes égales, on voit de grosses différences dans la propension à se tourner vers les métiers de l’innovation ou de la recherche en fonction du milieu d'origine", explique Xavier Jaravel. Pour lui, au sein de la politique d’innovation, il devrait donc y avoir aussi "une politique qui vise à mobiliser ce vivier de talents qui, actuellement, ne l’est pas", poursuit-il.

Une innovation pénalisée par ces inégalités

L’économiste explique ensuite que ces inégalités sociales ne profitent pas à l’innovation. Bien au contraire. Et cela va jusqu’à handicaper certains territoires : si l’innovation est plus faible, la croissance économique l’est aussi. Cela devient un cercle vicieux. "La Haute-Savoie, c'est un endroit où il y a un taux d'innovation faible, alors que l'Isère, dont je suis originaire, est beaucoup plus élevé", illustre l’économiste.

Il faudrait ainsi, d’après les travaux de Xavier Jaravel, revoir la stratégie nationale en ce qui concerne l’innovation. Ces talents qui n’y ont pas accès pourrait devenir des leviers importants pour la croissance économique de demain.

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Xavier Jaravel dans la vidéo ci-dessous :