Plusieurs milliers de manifestants à Lannion contre les suppressions d'emplois chez Nokia

Entre 3.500 personnes, selon la police, et 5.000, selon la CFDT, ont manifesté samedi à Lannion.
Entre 3.500 personnes, selon la police, et 5.000, selon la CFDT, ont manifesté samedi à Lannion. © Damien MEYER / AFP
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avec AFP , modifié à
Entre 3.500 et 5.000 manifestants se sont rassemblés samedi à Lannion, dans les Côtes-d’Armor, pour protester contre la suppression de 402 emplois sur le site de Nokia. Au total, l’entreprise envisage de supprimer plus de 1.200 emplois en France.

Entre 3.500 personnes, selon la police, et 5.000, selon la CFDT, ont manifesté samedi en fin de matinée à Lannion, dans les Côtes-d'Armor, pour protester contre la suppression de 402 emplois sur le site de Nokia, qui prévoit au total de supprimer 1.233 d'emplois en France. "En dix ans, c'est le 13e plan", "Jeunes embauchés, déjà virés" ou "keep Nokia jobs in Lannion", pouvait-on lire sur les banderoles ou pancartes brandies par les manifestants. 

Quatrième plan social depuis 2016

Il s'agit du quatrième plan social depuis le rachat en 2016 d'Alcatel-Lucent par Nokia. Les trois précédents plans avaient touché les fonctions support alors que, dans ce quatrième plan, c'est la recherche et le développement (R&D) qui sont concernés "à 95%", ont rappelé les syndicalistes.

Vers une disparition du site de Lannion ?

Pour les syndicats, le plan actuel mènera inéluctablement à terme à la disparition du site de Lannion, qui emploiera moins de 400 salariés s'il est mis en application, mais aussi à la disparition de Nokia du paysage industriel français. "C'est une trahison, envers les salariés, envers le territoire, envers les pouvoirs publics (...) le pouvoir politique doit agir contre ces trahisons", a déclaré Bernard Trémulot, délégué central CFDT. Avec le départ de Nokia, "Lannion, bastion historique des télécommunications, perdrait une partie de son identité", a-t il affirmé lors d'une prise de parole avant le début de la manifestation.

Pauline, 24 ans, venue de Marseille il y a deux ans s'installer à Lannion pour travailler à Nokia, a exprimé sa déception. Comme elle, plus de 200 jeunes ingénieurs ont été recrutés sur ce site depuis son rachat par Nokia en 2016. Avec le crédit impôts recherche (CIR), auquel Nokia a eu recours pour recruter ces jeunes, "un ingénieur français ne coûte pas plus cher qu'un ingénieur chinois" à l'entreprise, a affirmé à l'AFP Bernard Trémulot, s'interrogeant sur les motivations d'un tel plan social.

"Une ville qu'on assassine"

"C'est presque une ville qu'on assassine quelque part, parce que c'est le troisième employeur de la ville qui est presque en passe de liquider son site", a déclaré à l'AFP le maire de Lannion, Paul Le Bihan (PS). "C'est intolérable. Une ville de 20.000 habitants ne peut pas encaisser ce genre de plan", a-t-il commenté. Ces 402 suppressions d'emploi sont "injustifiés, incompréhensibles, intolérables et insupportables", a résumé un syndicaliste.

Dans la manifestation, qui s'est terminée vers 13 heures, plusieurs élus arborant leurs écharpes tricolores étaient présents. Mais aussi des représentants du site de maintenance Hop! de Morlaix (Finistère), à quelques dizaines de kilomètres, menacé de fermeture avec 276 suppressions d'emplois à la clé. "C'est 47 ans d'histoire qui sont balayés d'un revers de la main", a rappelé Sébastien, en référence à Brit Air, la compagnie fondée à Morlaix en 1973, rachetée par Air France il y a une quinzaine d'années et dont Hop! est une filiale. "Tous les efforts sont demandés aux salariés et rien à la finance", a-t-il regretté.