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Barthélémy Philippe, édité par Gauthier Delomez
La Première ministre Élisabeth Borne a insisté sur "l'usure professionnelle", soit la pénibilité au travail, lors de la présentation de la réforme des retraites. Pour renforcer sa prise en compte, le gouvernement prévoit d'améliorer le compte professionnel de formation surnommé "C2P", qui a jusque-là des résultats très limités.

"Usure professionnelle", deux mots sur lesquels Élisabeth Borne a mis l'accent lors de la présentation de la réforme des retraites. La Première ministre et le gouvernement ont indiqué que le compte professionnel de formation surnommé "C2P", créé en 2015, allait être amélioré, notamment via une meilleure prise en compte des horaires de nuit, afin que plus de travailleurs puissent en bénéficier.

Le "C2P" permet aux salariés d'accumuler des points pour chaque année d'exposition aux six critères de pénibilité : le travail dans un environnement bruyant, les gestes répétitifs (à la chaîne), le travail de nuit, en équipes successives alternantes, en milieu hyperbare (c'est-à-dire sous terre ou sous l'eau) et dans des températures extrêmes.

Un dispositif séduisant, mais des résultats limités

Avec ces droits acquis, le salarié peut financer une reconversion, passer à temps partiel ou bénéficier d'un départ en retraite anticipé en convertissant ses points en trimestres de retraites. Seulement, si le dispositif parait séduisant, les résultats sont limités. En réalité, depuis 2015, 12.000 salariés l'ont utilisé, dont près de 10.000 pour bénéficier d'un départ anticipé. Cela représente à peine 1% des deux millions des comptes ouverts par les entreprises.

Ces chiffres bas sont un échec, dont Emmanuel Macron est en partie responsable. Effectivement, en 2017, quatre des dix critères de pénibilité (port de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques et exposition aux agents chimiques dangereux) ont été supprimés car le seuil d'exposition était jugé "inquantifiable" par le patronat.

Un suivi médical renforcé

Toutefois, la disparition de ces critères a freiné le développement du C2P, selon Éric Chevée, vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). "Il n'y a aucun rapport entre le nombre de comptes qui ont été créés entre 2015 et 2017 et les alimentations qui sont faites aujourd'hui sur les six critères qui règnent dans le C2P", explique-t-il auprès d'Europe 1.

En plus de l'amélioration du C2P, la réforme des retraites prévoit d'allouer un milliard d'euros à la prévention de l'usure professionnelle liée aux postures pénibles, au port de charges lourdes et aux vibrations mécaniques. Les salariés concernés bénéficieront d'un suivi médical renforcé, et d'un accès facilité à la reconversion professionnelle.