Pas de prime pour les fonctionnaires : "On a l'impression qu'ils se promènent avec une pancarte : 'je suis une dépense'", s'agace Yves Veyrier

© JACQUES DEMARTHON / AFP
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Romain David , modifié à
Invité de Bernard Poirette sur Europe 1, le nouveau secrétaire général de Force ouvrière a dénoncé le traitement réservé aux fonctionnaires, grands oubliés selon lui des annonces d’Emmanuel Macron pour apaiser la colère des "gilets jaunes".
INTERVIEW

Ils espéraient des annonces, ils n'ont rien eu. À l'issue d'une réunion avec les organisations syndicales, Olivier Dussopt, le secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, a fait savoir que les fonctionnaires ne toucheraient pas la prime défiscalisée qu'Emmanuel Macron a demandé aux entreprises privées de verser à leurs salariés touchant moins de 3.600 euros net par mois. Le ministre a notamment invoqué des raisons budgétaires.

Un budget trop serré. "Ça n'est pas acceptable. On a systématiquement l'impression que chaque fonctionnaire se promène avec une pancarte : 'je suis une dépense'", s'est agacé samedi, au micro de Bernard Poirette, sur Europe 1, Yves Veyrier, le nouveau secrétaire général de Force ouvrière. "Nous n'avons pas demandé cette prime, mais puisqu'elle a été annoncée, pourquoi est-ce que les fonctionnaires ne bénéficieraient pas tous au minimum d'une prime ?", interroge-t-il ? Parce que le budget est insuffisant, lui répond Olivier Dussopt : "Nous avons 6,4 millions d'agents publics. 1.000 euros par personne, même si nous ne l'appliquons qu'à ceux qui gagnent mois de 3.600 euros, c'est 5 milliards d'euros que nous n'avons pas à ce stade", justifie le secrétaire d'Etat auprès d'Europe 1.

Les salaires toujours gelés. Autre sujet de friction entre les syndicats et le gouvernement sur la fonction publique : le gel du point d'indice. "Puisque l'on était reçu, on pensait qu'il avait des annonces à nous faire. Or, l'annonce, vous l'avez compris : c'est zéro ! Il  n'y aura pas d'augmentation du point d'indice en 2019. Les salaires restent gelés", rapporte Yves Veyrier. "N'oublions pas que ça fait huit années de gel de l'indice de la fonction publique, c’est-à-dire le point de départ de la rémunération du fonctionnaire", rappelle le syndicaliste.

"Coût collectif énorme, avantage individuel peu important". De son côté, Olivier Dussopt explique que la dépense serait trop importante au regard des retombées. "Nous ne faisons pas ce choix, malgré la demande des syndicats, parce qu'il est extrêmement coûteux pour un avantage individuel assez faible. Si nous augmentons de 1% la valeur du point d'indice, cela coûte en dépenses publiques 2 milliards d'euros", indique-t-il.

"Pour un agent public qui gagne 2.000 euros net, c'est une augmentation de 14 euros par mois, et pour un agent qui gagne le Smic c'est autour de 8 euros par mois", poursuit le responsable gouvernemental, toujours auprès d'Europe 1, avant de résumer : "coût collectif énorme, avantage individuel peu important".

Sans avancées, "la cocotte-minute va exploser". "Evidemment c'est coûteux, parce qu'il y 5 millions de fonctionnaires, mais nous avons besoin de ces 5 millions de fonctionnaires", objecte le secrétaire général de FO, qui estime que la grogne des "gilets jaunes" met également le doigt sur la disparition des services de proximité. "Il serait mieux qu'on soit entendus parce qu'arrivera un moment où la cocotte-minute va exploser", a encore mis en garde le syndicaliste.