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Lionel Gougelot (à Bapaume), édité par Laura Laplaud
Dans une période de forte inflation énergétique, la facture des entreprises explose et menace certains secteurs comme la filière endivière. À Bapaume, dans le Pas-de-Calais, un producteur d'endives verra sa facture en électricité multipliée par quatre l'an prochain. Une situation "qui n'est pas tenable" pour ce professionnel qui envisage de stopper sa production.

La facture d'énergie est la nouvelle hantise des chefs d'entreprise. Une filière subit de plein fouet la hausse des tarifs de l'électricité : les producteurs d'endives. En deux ans, la facture est passée de 5% du coût d'exploitation à 30%. Une flambée insupportable pour les professionnels, comme à Bapaume, dans le Pas-de-Calais, où Europe 1 s'est rendue.

Une facture d'électricité multipliée par quatre

Dans la grande chambre froide de l'exploitation de Mathieu Bocquillon, il fait zéro degré. Une température constante pour conserver les racines d'endives. "Le plus gros poste en consommation énergétique, ce sont les frigos. On ne peut pas y échapper de toute façon", lance-t-il.

À côté, il faut à l'inverse chauffer les chambres noires où poussent les endives. Une exploitation dont la facture en électricité sera l'an prochain multipliée par quatre selon Daniel, le père de Mathieu. "En 2023, on est aux alentours de 150.000 euros à peu près, ce qui n'est vraiment pas tenable, on ne peut pas y arriver", assure-t-il.

L'aide gouvernementale pour amortir la facture sera nettement insuffisante pour Daniel. "Le maximum qu'on puisse avoir, c'est 21% de la facture. Autant dire peanuts. Ça ne comblera pas malheureusement le surcoût. Si je peux faire un peu d'humour noir, on peut dire que les coûts de l'électricité nous font disjoncter carrément."

4.000 emplois en jeu

À tel point que certains endiviers envisagent maintenant de stopper la production d'un légume pourtant emblématique de la région Nord. "J'aime souvent dire qu'on a perdu le charbon, on ne voudrait pas perdre le chicon, c'est un produit qui peut tout simplement disparaître des circuits à cause de l'énergie. On n'est pas maîtres du prix", regrette-t-il. Dans la région, 4.000 emplois de la filière endivière sont en jeu.