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Caroline Baudry , modifié à
La réforme du statut des travailleurs détenus est entrée en vigueur le 1er mai. Des changements essentiels pour rapprocher les droits des détenus qui travaillent du droit commun. Comme un symbole, le code pénitentiaire inédit contenant ces nouveaux droits a été imprimé par les prisonniers de Melun, en région parisienne. Europe 1 a pu y entrer pour rencontrer ces détenus.
REPORTAGE

Pour les prisonniers aussi, le 1er mai a marqué une avancée dans leur droit du travail. La loi avait été promulguée en hiver dernier dans le cadre de la loi pour la confiance dans l'institution judiciaire. Contrat de travail, droit au chômage, à la retraite, congé maternité... Les droits des travailleurs prisonniers se rapprochent désormais de ce qu'ils vivront en dehors des murs de leur établissement.

6.400 ouvrages bleus imprimés par les détenus de Melun

Depuis son entrée en vigueur le 1er mai dernier, 6.400 codes pénitentiaires ont été imprimés dans la prison de Melun. L'ouvrage bleu fait 640 pages. On y trouve, entre autre, les nouveaux droits des travailleurs détenus, que ce soit pour des entreprises publiques ou privées ou pour effectuer les tâches nécessaires au fonctionnement des lieux, sachant, qu'un tiers des prisonniers travaillent en France.

À l'imprimerie de Melun, 90 hommes en bleu de travail déambulent parmi les montes-charge et les piles de papier. Ces détenus ont passé de lourdes portes métalliques pour rejoindre l'imprimerie, située à 100 mètres de leurs cellules. Suzano s'active devant les machines. Ce matin-là, il est en poste depuis 7 heures. "Ça me permet de sortir de la cellule, d'apprendre quelque chose ! En tout, ça fait dix ans que je suis en prison. Être occupé, c'est déjà pas mal en prison. Ça nous apporte aussi l'estime de soi !"

"Encore plus de motivation"

Un vrai contrat de travail, appelé contrat d'emploi pénitentiaire, remplacera bientôt la simple feuille A4 qui lui sert de document légal. Ce détenu se réjoui d'avoir le droit au chômage et à la retraite. "De pouvoir aussi, en cas d'accident du travail, savoir qu'on est pris en charge, ça nous donne encore plus de motivation, de savoir qu'en sortant d'ici on pourra aussi profiter des efforts qu'on a fournis ici", explique-t-il. "On est utiles à quelque chose, rien qu'à la société déjà. On fait partie de quelque chose !", sourit l'homme, en montrant les grandes planches fraîchement sorties de l'imprimante.

Comme dans la société, les nouveaux contrats lient les détenus non plus à la prison, mais aux responsables de l'entreprise, comme Nathalie dans cette imprimerie : "Une fois qu'ils ont passé la porte, je ne veux pas savoir ce qu'ils ont fait ni pourquoi ils sont là, ça ne me regarde pas et je ne veux pas savoir", insiste-t-elle, dans le brouhaha des machines.

Préparer la réinsertion

Pour préparer la réinsertion, Nathalie ne regarde que le travail, comme celui de Jean-Paul. Installé sur son bureau d'ordinateur, il reçoit les ordres pour contrôler la mise en page avant impression. "C'est effectivement la relation avec l'employeur qui se rapproche du fonctionnement qu'on retrouvera à l'extérieur", réalise ce détenu. "C'est toujours intéressant d'avoir ce lien qui nous invite à nous comporter, comme on sera en société, déjà à l'intérieur de la prison."

Le travail en prison diminue de 50% le risque de récidive, selon le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti.