Nucléaire : «Ça va prendre quelques années pour un retour à la normale», prévient Emmanuelle Wargon

Emmanuelle Wargon était l'invitée de la matinale d'Europe 1. 1:02
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Juliette Moreau Alvarez , modifié à
Invitée de la matinale d'Europe 1, Emmanuelle Wargon s'est exprimée sur les points de tension autour de l'électrique en France. Réacteurs en maintenance, hausse de l'électricité, difficultés d'approvisionnement du gaz... Pour la présidente de la Cre, on va passer le cap, mais il faudra attendre "plusieurs années avant un retour à la normale".

C'est un hiver sous tension qui attend la France cette année. Les risques de délestages planent sur le pays, alors que les prix de l'électricité et du gaz flambent. Si ces derniers jours l'effort collectif des foyers et des entreprises s'est largement fait ressentir sur le réseau, la situation est loin de se stabiliser. Invitée de la matinale d'Europe 1 ce vendredi, Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie (Cre), salue ces progrès mais reste lucide : le parc nucléaire français continue de souffrir. "Ça va prendre quelques années pour être totalement dans un retour à la normale".

Le parc nucléaire reste sous tension

Les années où la France produisait 100% de son électricité sont bien loin derrière nous. Ce vendredi, la relance du parc nucléaire français reste timide : 38 réacteurs sur 56 fonctionnaient. En cause : un phénomène de "corrosion sous contrainte" dans les centrales et un retard sur les maintenances. "EDF a perdu un quart de sa production nucléaire par rapport à d'habitude, ce qui est énorme", explique la présidente de la Cre sur Europe 1. "On pense que cet hiver sera plutôt délicat, probablement l'hiver prochain encore, et puis chaque année cela va s'améliorer", prédit Emmanuelle Wargon.

L'hiver 2023-2024 sera particulièrement difficile, souligne l'ex-ministre. En plus des difficultés nationales sur le nucléaire, des tensions sur les approvisionnements de gaz perdureront. Néanmoins, Emmanuelle Wargon se veut optimiste sur la conséquence de cette situation sur les ménages et les entreprises. "On était inquiets sur cet hiver mais je pense qu’on va montrer collectivement qu’on peut le passer." Selon elle, cela sera la même chose l'an prochain.

"Il faut que l'on produise plus"

La France ne reste pas démunie face au ralentissement de sa production nucléaire. Pour compenser, l'État a notamment importé plus d'électricité, "l'équivalent de 15 gigawatts de puissance", en provenance d'Allemagne, d'Italie ou encore de Belgique. "C'est beaucoup", avoue Emmanuelle Wargon, "mais c'est ce qui nous permet d'équilibrer le réseau."

La présidente de la Cre le sait, "on consomme plus d'électricité". "Il faut qu'on produise donc plus d'énergies." Pour cela, il faut "du nucléaire", oui, mais aussi "plus d'énergies renouvelables", précise Emmanuelle Wargon au micro d'Europe 1. C'est ce que fait actuellement le gouvernement, avec "le développement de l'éolien offshore, terrestre et du solaire". Un sujet qui reste néanmoins "compliqué", là où il y a "un problème d'acceptabilité", admet-elle.