La relance du parc nucléaire français, ce n'est pas pour tout de suite. 1:36
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Baptiste Morin, édité par Romain Rouillard , modifié à
En février dernier, Emmanuel Macron annonçait la relance de la filière nucléaire. Un mélange d'anciens et de nouveaux réacteurs à la durée de vie prolongée pour fonctionner plus de 50 ans était évoqué. Mais sept mois plus tard, alors que l'énergie est devenue un sujet brûlant, la situation n'a pas réellement évolué.

Sept mois après les annonces d'Emmanuel Macron qui promettaient la relance du parc nucléaire français, difficile de constater une avancée significative sur le sujet. Mercredi, la Commission nationale du débat public a toutefois accepté d'ouvrir un débat public qui se tiendra entre octobre 2022 et février 2023. 

Ces quatre mois de débat public constituent une condition préalable à chaque grand investissement public. Pour le reste, peu ou pas d'évolution. La France suit toujours la feuille de route fixée en 2020 qui prévoit la fermeture de 12 réacteurs nucléaires qui viendront s'ajouter aux deux réacteurs de Fessenheim, d'ores et déjà hors service. 

De longues démarches administratives 

Pour changer de paradigme, il faudra attendre le printemps 2023 où une nouvelle loi de programmation pluriannuelle incluant le nouveau programme nucléaire sera votée. Cependant, la construction d'un nouveau réacteur nucléaire demandera bien plus de temps, car après le débat public, il faudra déposer une quinzaine de demandes d'autorisation.

Des démarches administratives qui constituent un premier frein. Pour Valérie Faudon, de la société française de l’énergie nucléaire, il faudrait simplifier les procédures. "C'est beaucoup de travail et souvent, ce sont des procédures qui n'ont pas été faites pour une centrale nucléaire et en plus, nous n'avons pas instruit de dossiers depuis très longtemps".

Un investissement colossal 

Deuxième problématique et non des moindres : le financement. Ces six nouveaux réacteurs nécessitent un budget de 50 milliards d'euros. Or, EDF a régulièrement indiqué qu'il lui était impossible de financer à lui seul l'intégralité de cet investissement. "Pour donner un comparatif, le Grand Paris Express représente 36 milliards et on n'imaginerait pas une seule entreprise financer le Grand Paris Express", illustre Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting.

EDF pourrait toutefois s’inspirer de ce qui a été fait à Sizewell, Royaume-Uni. L'entreprise financerait alors le projet au fil des années à travers une augmentation du tarif des contrats pour les abonnés EDF. Néanmoins, il semble évident qu'une hausse des prix de l'électricité serait très mal perçue dans le contexte actuel.

Selon de nombreux observateurs, le premier chantier pourrait ne pas commencer avant 2027.