Macron veut favoriser le "scoring". Le quoi ?

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RETOUR SUR - Le ministre de l’Economie était l’invité d’Europe 1 mardi matin, un rendez-vous au cours duquel il a vanté les mérites du "scoring".
INTERVIEW

Invité spécial d’Europe 1 mardi matin, Emmanuel Macron a, pendant deux heures, exposé son point de vue sur une multitude de sujets : son futur projet de loi, la réforme fiscale, l’affaire Michel Combes ou encore la rémunération au mérite des fonctionnaires. Mais le ministre de l’Economie a également évoqué son intérêt pour le "scoring", une notion méconnue qui nécessite une explication de texte. Et pose de nombreuses questions.

Quand Macron vante le "scoring". Le marché de l’emploi a sensiblement évolué, et pas vraiment dans un sens favorable aux travailleurs : aujourd’hui, neuf embauches sur dix se font en intérim, CDD et autres contrats courts, sans parler de l’essor du statut d’auto-entrepreneur. Une précarisation que le ministre a déplorée, tout en estimant que c’était la moins pire des solutions. "Si entrer dans l’emploi, cela commence par l’entreprenariat individuel, cela commence par un emploi qui est peut-être plus fragile qu’un CDI, je préfère cela au chômage. Et eux aussi préfèrent cela au chômage".

Sauf que même avec un travail, un intérimaire ou un autoentrepreneur a le plus grand mal à mener des démarches telles que trouver un logement ou emprunter de l’argent à une banque pour monter un projet. Un défi que le ministre de l’Economie propose de surmonter en passant par le "scoring" : "ce sur quoi nous voulons travailler, c’est que tous les instruments de mesure modernes qui sont sur internet, le 'scoring' comme on dit, qui évaluent votre activité et la qualité de votre activité, il faut qu’on arrive à les faire prendre en compte dans l’octroi d’un prêt", a déclaré Emmanuel Macron.

Le scoring ou l’art de la note. Dit plus simplement, le scoring consiste à donner une note, la multiplication de ces notes permettant de se faire une idée sur la qualité d’une personne, d’un service ou d’un objet. Sans le savoir, de plus en plus de consommateurs le pratiquent déjà : après une course en VTC, l’utilisateur peut affecter une note au chauffeur. De même, tout le système d’AirBnB repose sur les notes affectées aux loueurs d’appartements et aux usagers. De même, les cinéphiles peuvent noter le film qu’ils ont vu sur un site comme Allociné pour informer les autres de son intérêt.

C’est ce système que le ministre de l’Economie compte utiliser pour se faire une idée du professionnalisme d’un autoentrepreneur et donc estimer la confiance qu’on peut lui accorder. Emmanuel Macron a ainsi donné en exemple le cas d'un jeune auto-entrepreneur devenu chauffeur de VTC : "il faut que ce jeune là, si dans l’évaluation qui est faite sur internet, par l’employeur et les clients, est identifié comme un bon professionnel, il faut que cela puisse être valorisé dans l’octroi de son crédit. Et il faut qu’on puisse arriver à ce que cela s’impose aux banques", a-t-il déclaré, avant de conclure : "je préciserai cela".

Un système qui a aussi ses limites. Sur le papier, utiliser ces notes relève du bon sens, d’autant plus que les notes sont nombreuses, plus la notation finale est censée être fiable. Sauf qu’un tel système ne peut pas s’appliquer à toutes les professions. De plus, si la notation devient un enjeu central, elle peut devenir l’objet de stratégies de manipulation : par achat de notes positives, par piratage du système de notation ou tout simplement en faisant appel à ses amis et ses proches pour gonfler la note. La récente polémique sur les notes très généreuses attribuées au film Aladin, pourtant étrillé par la critique, en sont la dernière preuve. Sauf que là, il s’agit de la vraie vie et d’enjeux bien plus importants, tels que décrocher un crédit pour investir dans son outil de travail ou acheter son logement. Le ministre de l’Economie a promis plus de précisions au mois de décembre.