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Thibaud Hue, édité par Solène Leroux avec AFP , modifié à
Les prix des fruits et légumes ont bondi de 9% en deux ans, révèle Familles rurales dans son observatoire annuel des prix des biens de consommation courante. L'association de consommateurs demande la mise en place d'un "chèque fruits et légumes" en 2022 "pour ne pas détourner les familles aux budgets les plus modestes de ces aliments".

L'association de consommateurs Familles rurales, qui publie chaque année un observatoire annuel des prix des biens de consommation courante, a observé "une inflation contenue en 2021, sauf pour les fruits et légumes dont les prix ont bondi de 9% en deux ans", de septembre 2019 à septembre 2021. "Affichant près de 10% d'augmentation en deux ans, il n'est pas étonnant de voir certains consommateurs s'en détourner, notamment ceux disposant de petits budgets", regrette l'association, qui demande la mise en place d'un "chèque fruits et légumes" en 2022, "pour ne pas détourner les familles aux budgets les plus modestes de ces aliments bons pour la santé".

"Au marché j’ai acheté pour 30 euros de fruits, ce n'était pas le prix que je payais il y a deux ans", assure sur Europe 1 Yannick, depuis un marché parisien. "Pour l’instant je peux me permettre d’amortir cette hausse, mais il va falloir que je fasse gaffe à ce que j’achète et à faire attention aux prix des légumes et des fruits surtout."

1.148 euros pour une famille "adepte du bio"

Sur Europe 1, Daniel Sauvaitre, le secrétaire général de l’Interfel (Interprofession de la filière des fruits et légumes frais) sur les conséquences de la hausse explique qu"avec le Covid, les consommateurs ont passé beaucoup plus de temps à la maison à cuisiner et à acheter des fruits et légumes frais". Et d'ajouter qu'il y "avait une certaine difficulté de production et à trouver de la main d’œuvre, alors on a constaté une hausse des prix renforcés au printemps 2021 par un gel conséquent qui a touché quelques fruits comme la poire et l’abricot principalement".

Familles rurales a en outre calculé que s'alimenter conformément aux préconisations du plan national nutrition santé coûte, pour une famille de quatre personnes (deux adultes, un ado et un enfant) entre 450 euros en variant moins les produits, mais en respectant la diversité des catégories et la saisonnalité, et 1.148 euros pour une famille "adepte du bio". Il s'agit du budget global mensuel pour l'alimentation d'une famille.

Le bio inaccessible

"À ce prix-là, le tout bio est loin d'être à la portée de toutes les bourses", commente Familles rurales", qui, "pour rassurer les familles, (rappelle) que, pour rester en bonne santé, l'essentiel demeure de consommer suffisamment de fruits et légumes peu importe qu'ils soient bio ou non". "Les prix pèsent. Je suis retraité et j’ai donc moins de pouvoir d’achat. Alors j’achète un peu moins ou des choses de meilleur marché", explique Michelle, une consommatrice sur le marché d'Edgar Quinet dans le 14e arrondissement de Paris.

De manière générale, "Familles Rurales appelle les pouvoirs publics à développer une politique beaucoup plus ambitieuse promouvant une saine alimentation en permettant à tous d'y accéder". Elle estime qu'"investir dans un programme nutritionnel associant prévention et aide aux plus précaires constitue la clé pour freiner le développement de trop nombreuses pathologies liées à la consommation de produits trop gras, trop sucrés, trop salés en trop grande quantité".

Des prix encore plus chers en Outre-mer

L'association note en outre "l'écart de prix substantiel entre le même panier de courses acquis en métropole et celui acheté en Outre-mer", des relevés de prix ayant été opérés sur les mêmes produits que ceux effectués en métropoles à la Réunion, à Mayotte, en Guadeloupe et en Martinique. Verdict : "le même panier de produits y coûte près de 50% plus cher qu'en métropole".

L'enquête de Familles rurales a été réalisée sur quatre périodes, février, avril, juin et octobre 2021 dans 148 magasins (hypermarchés, supermarchés, enseignes à dominante marques propres type hard-discounts, spécialisés bio), par une équipe de 107 "veilleurs consommation" sur 37 départements.