La SNCF "pas capable de dire" si elle aura des alternatives au glyphosate en 2021

Selon la SNCF, la végétation pourrait retenir l'eau et déformer la plateforme, et donc les rails.
Selon la SNCF, la végétation pourrait retenir l'eau et déformer la plateforme, et donc les rails. © AFP
  • Copié
avec AFP
La SNCF, qui consomme 0,4% du glyphosate utilisé en France, s'est lancé dans un vaste programme de recherche pour trouver d'autres solutions. 

La SNCF n'est pas sûre de trouver une alternative bon marché au glyphosate, dont elle est une grande utilisatrice pour désherber ses voies et leurs abords immédiats, d'ici son interdiction en 2021, ont indiqué des responsables jeudi.

"Aujourd'hui, on n'est pas capable de dire qu'on sera prêt en 2021", a reconnu Michel Morin, le responsable des voies ferrées chez SNCF Réseau, devant la Mission d'information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate, à l'Assemblée nationale. "Ce qui est sûr, c'est qu'on fait le maximum pour être au rendez-vous. (...) C'est une course contre la montre", a-t-il assuré.

SNCF Réseau, qui consomme 0,4% du glyphosate utilisé en France, s'est lancé dans un vaste programme de recherche pour trouver d'autres solutions. Le groupe public mise en particulier sur l'utilisation de "trains désherbeurs" capables de mieux cibler les zones à traiter, sur de nouveaux produits de désherbage chimiques utilisant des molécules moins nocives - des essais sont en cours -, ou encore sur l'amélioration du désherbage mécanique, qui est particulièrement fastidieux.

Pas de solution miracle, mais "plusieurs solutions". À plus long terme, SNCF Réseau parie aussi sur la pose de géotextiles, sur l'ensemencement choisi - qui consiste à laisser pousser des plantes que l'on maîtrise -, ou sur les effets herbicides du courant électrique et des ondes électromagnétiques. "On n'a pas une solution miracle mais on a plusieurs solutions", a relevé Thomas Joindot, responsable de l'ingénierie de conception et de maintenance de l'infrastructure. Mais "on a encore beaucoup d'incertitudes sur les coûts, sur l'efficacité, sur l'impact environnemental et sur les délais", a-t-il ajouté. "Tout ça doit se mettre en oeuvre petit à petit, et nécessite un soutien de tout le monde, et en particulier des pouvoirs publics: notamment sur les autorisations de mise sur le marché des nouveaux produits, le soutien aux nouvelles techniques, et il y a des paramètres financiers dans l'équation qui ne doivent pas être omis", a-t-il relevé.

Une végétation qui pourrait déformer les voies, selon la SNCF. Désherber les voies ferrées et leurs abords est indispensable, selon la SNCF : la végétation pourrait retenir l'eau et déformer la plateforme (et donc les rails). Les touffes d'herbe pourraient en outre gêner les rayons laser vérifiant l'écartement des voies ou perturber les tournées d'inspection des cheminots. Quant aux pistes longeant les voies, elles doivent impérativement être dégagées pour que les agents puissent se déplacer rapidement et évacuer les voyageurs en cas de problèmes.

30 millions dépensés chaque année pour l'entretien du réseau. SNCF Réseau dépense 30 millions d'euros par an pour traiter les voies et les pistes. Après l'interdiction du glyphosate, la facture pourrait, selon ses calculs, atteindre 500 millions avec les moyens actuellement à disposition, peut-être 350 millions "avec des standards dégradés". "La probabilité est extrêmement forte que, à partir de 2021, on ait des coûts de maîtrise de la végétation qui soient beaucoup plus chers que ce qu'on a aujourd'hui", selon Thomas Joindot.