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Maximilien Carlier, édité par Tiffany Fillon , modifié à
Samedi, des milliers de personnes se sont rassemblées devant l'usine MCA de Renault et l'hôtel de ville à Maubeuge, dans le Nord, alors que l'entreprise a décidé de supprimer des milliers d'emplois dans le monde et en France. Inquiets pour la santé économique de la région, les salariés clament leur colère et demandent un soutien de l'État. 
REPORTAGE

Quelques milliers de personnes se sont rassemblées samedi devant l'usine MCA Renault puis devant l'hôtel de ville de Maubeuge, dans le Nord pour manifester contre la décision du constructeur automobile de supprimer 15.000 emplois dans le monde, dont 4.600 en France. Devant la mairie, une marée humaine s'est formée, réunissant familles, élus, soignants tous masqués. 

 

Les salariés et les syndicats sont montés sur le balcon de la mairie pour demander le maintien de leur emploi. "Nous voulons continuer de vivre ici, sur le territoire", s'est écrié Jérôme Delvaux, secrétaire du syndicat CGT-MCA. "À terme, plus de 12.000 personnes qui pourraient mourir de faim. Il n'en est pas question. Nous allons nous battre."

Un transfert de l'activité contesté 

Le combat a déjà commencé pour les salariés et les syndicats : ils refusent qu'une partie de l'activité de l'usine soit transférée à Douai. "On va pas déshabiller un territoire pour en habiller un autre", dénonce Frédéric Chéreau, maire de Douai. "Si on devait renforcer l'usine de Douai en sachant que l'on a mis dans la difficulté et la misère des familles à Maubeuge, on aurait du mal à se regarder dans un miroir", poursuit-il. 

C'est en effet tout un bassin de population, d'environ 100.000 habitants, qui est concerné. L'usine, quant à elle, compte 2100 salariés et intérimaires. "J'ai construit ma vie avec MCA : mes enfants, ma maison, mon bien-être, mon équilibre", témoigne Raba, qui y travaille depuis vingt ans. "Je ne suis pas pour la fermeture et pas pour la délocalisation."

"La fermeture de toutes les petites boîtes qui existent autour"

Le salarié s'inquiète lui aussi des conséquences d'une fermeture sur la situation économique de la région. "Qu'est ce que ça va engendrer après tout ça ? C'est la fermeture de toutes les petites boîtes et structures qui existent autour et ça, on n'en veut pas", dénonce-t-il. 

Les manifestations ont commencé samedi matin devant l'usine MCA de Maubeuge. "MCA vivra et on est là pour ça", ont scandé les manifestants. En tête du cortège, se trouvaient des syndicats et des élus masqués. Leur banderole dans les mains "Macron tient ta parole" visait directement le chef de l'État et le patron de Renault.

 

Arnaud Decagny, maire de Maubeuge, a, lui, réclamé l'aide de l'État pour affronter cette crise. "Monsieur le président de la République, vous êtes venu ici il y a moins de deux ans", pointe-il. "Vous avez regardé les salariés dans les yeux. Vous leur avez dit qu'ils étaient compétents. C'était la meilleure entreprise du groupe Renault en Europe. On a besoin de vous. Vous devez aujourd'hui nous soutenir dans ce combat", demande l'édile. 

Aucune reprise d'activité de l'usine MCA de Maubeuge n'est prévue et aucune voiture ne sortira de l'usine pour le moment.