Terrasse chauffée 1:52
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Dans le cadre de l'application des propositions de la Convention citoyenne pour le climat, le gouvernement a décidé d'interdire, dès 2021, les dispositifs de chauffage des terrasses des cafés et restaurants. Une mesure écologique dénoncée par les restaurateurs qui souffrent déjà beaucoup de la crise sanitaire.
INTERVIEW

Il faudra désormais se couvrir pour boire son café en extérieur l’hiver. Parmi les premières mesures inspirées des propositions de la Convention citoyenne pour le climat, le gouvernement a décidé d'interdire les braseros, radiateurs au gaz et autres dispositifs de chauffage qui font vivre les terrasses des cafés et restaurants toute l’année. Une décision pas franchement du goût des restaurateurs. "Nos entreprises aujourd’hui luttent pour leur survie et on vient leur annoncer une mesure qui va avoir un impact considérable sur leur activité", déplore auprès d'Europe 1 Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants de l’hôtellerie-restauration.

L'interdiction des terrasses chauffées, déjà expérimentée à Rennes, faisait partie des 146 propositions de la Convention citoyenne pour le climat retenues par Emmanuel Macron. La mesure sera adoptée par voie réglementaire dans les prochains mois, conjointement à l'obligation pour les restaurants et magasins climatisés l’été ou chauffés l’hiver de fermer leurs portes pour éviter les déperditions d’énergie. À la sortie du Conseil de défense écologique, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a ainsi dénoncé des "aberrations écologiques". 

Les terrasses représentent 30% du chiffre d'affaires

"On ne peut pas, pour le simple confort de ne pas avoir à ouvrir la porte d’un magasin, climatiser la rue en plein été lorsqu'il fait 30 degrés. Et on ne peut pas non plus chauffer à plein régime des terrasses en plein hiver lorsqu’il fait zéro degrés pour le simple plaisir de boire son café en terrasse en ayant chaud", a justifié la ministre. Mais pour Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants de l’hôtellerie-restauration, c'est "une mesure destructrice d'activité".

Selon lui, cette interdiction risque de porter un coup fatal à des restaurateurs déjà fragilisés par la crise sanitaire. "Les terrasses, en moyenne, sur l’année, c’est 30% du chiffre d’affaires des établissements", souligne-t-il. Bien consciente de ce danger, Barbara Pompili a précisé que cette interdiction entrerait en vigueur au plus tôt au printemps 2021. "Est-ce que madame Pompili peut dire que la crise sanitaire sera terminée l'hiver prochain ? Nous l'espérons mais personne ne sait quand nous serons en mesure de lever les contraintes qui dégradent l'activité du secteur. Il est hors de question qu'on applique une telle mesure tant que la crise perdurera", prévient Didier Chenet.

Les restaurateurs demandent à pouvoir négocier

Il regrette par ailleurs que les professionnels du secteur n'aient pas été invités à négocier. "Le président de la République a promis de la concertation et, encore une fois, il n’y en a eu aucune. C'est une déclaration qui arrive et puis advienne que pourra, les restaurateurs doivent s'aligner. Ce n'est pas des façons de faire ! L'hôtellerie-restauration, c'est 8% du PIB. Nous méritons mieux qu'un oukase à appliquer sans broncher", tempête le président des indépendants de l'hôtellerie-restauration.

"Nous sommes parfaitement conscients qu'il faut faire des efforts en matière d'écologie. Nous avons d'ailleurs fait des propositions en ce sens à la ministre, notamment en ce qui concerne la gestion des déchets", affirme Didier Chenet, qui en appelle désormais au gouvernement : "Nous sommes prêts à discuter."