La généralisation de la participation salariale est-elle réalisable ?

La proposition de Gérald Darmanin ne convainc pas les entreprises.
La proposition de Gérald Darmanin ne convainc pas les entreprises. © AFP
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Elise Denjean, édité par Ugo Pascolo
La proposition du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin de généraliser l'actionnariat salarié à l'ensemble des structures, formulée dans le "JDD", dimanche, ne convainc pas les entreprises. Elles jugent la mesure déconnectée de la réalité, voire symbolique. 

Faut-il généraliser l'actionnariat salarié ? C'est en tout cas la proposition du ministre des Comptes publics pour augmenter le pouvoir d'achat des Français et relancer une économie durement touchée par la crise du coronavirus. Si l'intéressement et la participation concernent principalement les entreprises de taille importante et 15% des salariés des PME, Gérald Darmanin veut donc les étendre à toutes les structures, même les plus petites.

"Des distributions se font déjà dans les PME quand les résultats sont bons"

Une proposition déconnectée de la réalité pour le président de la Confédération nationale des très petites entreprises, Jean-François Ferrando, qui rappelle au micro d'Europe 1 que "des primes et des distributions se font déjà dans les PME quand les résultats sont bons". Le timing de cette idée interroge également, alors que le coronavirus a placé au bord de la faillite bon nombre d'entreprises. Sans compter que la question de la mise en place d'un dispositif aussi lourd pour des petites entreprises n'est pas tranchée. 

Une mesure symbolique

Un ensemble de facteurs qui font dire au directeur du Cercle de l’épargne Philippe Crevel qu'il s'agit là d'une annonce symbolique. "Quand on craint les conflits sociaux et des revendications salariales, c'est une façon de botter en touche. C'est assez récurrent en France de faire appel à l'épargne salariale dans ces cas-là." En tout cas, Gérald Darmanin affirme avoir déjà fait part de son idée à Emmanuel Macron et Édouard Philippe, rappelant au passage un argument de poids alors que la dette française devrait dépasser 115% du PIB en fin d'année : la participation permet d'améliorer le pouvoir d'achat sans creuser davantage les finances publiques.