ÉDITO - Privatisation de la FDJ et d'ADP : "Bruno Le Maire, les petits porteurs sont vos meilleurs soutiens"

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Nicolas Beytout, édité par Ugo Pascolo
Si la privatisation et la cotation de la FDJ ce jeudi matin ont été un franc succès, la pétition contre la privatisation d'ADP à elle, recueillie le million de signatures. Ce qui inspire un conseil de notre éditorialiste Nicolas Beytout au ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

>> C’est un succès indiscutable. L’introduction en Bourse de la Française des Jeux jeudi va rapporter plus de deux milliards d’euros à l’État. Un succès tel que même le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a fait le déplacement pour inaugurer une cotation qui a vu le prix des actions s'envoler à +16,5%. Une jolie performance qui démontre selon Nicolas Beytout que les Français sont friands des privatisations.

" Il y a de la place en France pour d’autres opérations de privatisation "

"La privatisation de la FDJ et son entrée en Bourse sont une jolie performance, qu’il faudra bien sûr confirmer avec le temps, mais qui clôt brillamment une opération de privatisation à succès. Evidemment, ce n’est pas la première fois qu’une introduction en bourse se passe dans un tel climat, mais deux chiffres retiennent l’attention. Le premier a une signification économique : les candidats à l’achat d’actions en ont demandé pour environ 11 milliards d’euros ; c’est presque sept fois plus qu’il n’y avait de titres mis en vente. C’est une somme énorme qui confirme qu’il y a de la place en France pour d’autres opérations de privatisation, même beaucoup plus importante que celle-là.

Et puis l’autre chiffre, c’est celui des 500.000 de Français, petits porteurs ou épargnants aisés, qui ont investi dans les titres de la FDJ. Et pas seulement des petites sommes : les particuliers ont déposé des demandes pour un montant de 1,8 milliard d’euros. Sur le plan politique, ce n’est pas rien. Acheter des actions n’a jamais été anodin, en France. La preuve : la plupart des hommes et femmes politiques se gardent bien de le faire, comme si c’était sulfureux. Il y a même eu un Premier ministre, Lionel Jospin, qui se glorifiait de n’avoir jamais eu d’action. Voilà un signal clair et net de soutien à ce temps fort du capitalisme qu’est une privatisation.

Entendu sur europe1 :
Il y a aussi en France de solides partisans des privatisations

Mais paradoxe, pendant ce temps, la pétition contre la privatisation d’Aéroports de Paris s’approche du million de signatures. Alors je veux bien comparer un million de signatures et 500.000 actes d’achat d’actions, mais tout de même : 500.000 personnes qui engagent leur propre argent et qui décident donc de prendre un risque financier, ça a au moins autant de valeur.

Alors on verra au printemps quel est le nombre exact de pétitionnaires qui se seront mobilisés contre, il en faudrait 4,5 millions, et on en est loin. Mais le gouvernement sait maintenant que, s’il y a de forts opposants au principe des privatisations, il y a aussi en France de solides partisans. D’ailleurs, le mieux c’est de leur donner leur chance, de les faire participer aux prochaines privatisations. Beaucoup de Français en veulent, et c’est ça qui frappe. Mon message à Bruno Le Maire, lorsqu’il lancera les prochaines opérations (et espérons-le, ADP) : Monsieur de ministre de l’Economie et des Finances, si vous voulez éteindre les polémiques, n’hésitez pas à réserver systématiquement aux petits porteurs une part des prochaines entreprises que l’Etat vendra. Ce seront eux vos meilleurs soutiens."