Crise des gilets jaunes : "Nous faisons le nécessaire pour qu’il n’y ait pas de défaillances d’entreprises"

Le CIC est la première banque des entrepreneurs. 2:59
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Invité d’Europe 1, Daniel Baal, le directeur général du CIC, première banque des entrepreneurs, détaille les efforts faits pour aider les commerçants victimes à traverser le mouvement des "gilets jaunes".
INTERVIEW

L’acte 20 de la mobilisation des gilets jaunes se profile samedi. Pour les commerçants des grandes villes, c’est en revanche une nouvelle journée noire en perspective entre chiffre d’affaires en baisse, fermeture préventive et parfois casse et pillage des boutiques. Après plus de quatre mois, la situation devient, pour certains, critique. "Il y a des difficultés de trésorerie et à nous de faire le nécessaire pour qu’elles ne se transforment pas en défaillance de l’entreprise", souligne Daniel Baal, directeur général du CIC, invité de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, vendredi sur Europe 1.

Des mesures d’accompagnement

Un entrepreneur sur trois est aujourd’hui client du CIC. La filiale du Crédit Mutuel a donc pleinement ressenti les effets de la crise des "gilets jaunes". "Nous avons mis en œuvre un certain nombre de dispositifs pour leur permettre de passer cette période difficile, en mettant en place des découverts, en prolongeant des échéances, en réaménageant un certain nombre de prêts", explique Daniel Baal. "Nous ne voulons pas qu’à cause de ces circonstances très fâcheuses, des entreprises soient définitivement en difficulté."

>> Écoutez l’interview intégrale de Daniel Baal dans le journal de la nuit d’Isabelle Millet. Le replay de l’émission est à retrouver ici.

En plus de ces mesures, le CIC a accompagné les entreprises vers les dispositifs publics mis en œuvre pour aider les commerçants touchés. "Nous avions anticipé. C’est notre rôle d’être au côté du client dès qu’il connaît des difficultés. On connaît nos clients, nous sommes une banque de proximité", assure Daniel Baal. "Notre rôle, ce n’est pas de faire de la finance pour faire de la finance. 97% des décisions de crédit sont prises en agence, il n’y a quasiment rien d’externalisé. Ça nous permet d’être extrêmement réactifs et d’instaurer une relation de confiance", ajoute le directeur général du CIC.

Agences attaquées et employés "traumatisés"

Reste que la proximité vantée par le CIC n’a pas empêché les casseurs de s’en prendre à des agences. "Hélas, nous avons été attaqués, avec plusieurs agences dégradées, parfois avec une volonté de casser et de rentrer à l’intérieur de l’agence", déplore Daniel Baal.

"Ça été très traumatisant pour les collaboratrices et les collaborateurs. Souvent, ils n’étaient pas là puisque ça se passait le samedi soir. Mais quand ils revenaient le lundi ou le mardi, ils avaient le sentiment qu’on était entré chez eux, alors que leur objectif c’est d’être au côté des clients pour soutenir leurs projets." Au total, 760 agences bancaires ont été dégradées, dont 40 gravement, depuis le début du mouvement des "gilets jaunes".

Un réseau de proximité "au service de l'humain"

Alors que plusieurs réseaux bancaires ont décidé ces dernières années de fermer des agences, Daniel Baal assure que ce n’est pas la stratégie du CIC. "Au contraire, nous avons même ouvert un certain nombre d’agences depuis 15 ans. Nous étions la banque des villes mais désormais nous sommes la banque des territoires. On s’est installé un peu partout en France en fonction des populations", explique-t-il.

En complément de son réseau de quelque 1.900 agences, le CIC se tourne quand même vers le digital. "Ça doit être complémentaire à la proximité physique. Le digital est une autre forme de proximité qui doit rester au service de l’humain", affirme Daniel Baal.

Un gel des tarifs qui ne passe pas

Comme toutes les banques, le CIC a également appliqué le gel des tarifs bancaires réclamé par le gouvernement afin d’aider les ménages les plus modestes. "On a décidé le gel des tarifs à la demande des pouvoirs publics. Mais c’est quand même extraordinaire que le secteur bancaire soit le seul soumis à cette contrainte. On n’est pas dans une économie administrée, la concurrence doit faire son œuvre tout simplement", déplore cependant Daniel Baal, qui précise aussi que le CIC a "pris de nouveaux engagements, notamment la limitation à 25 euros des frais de rejets et d’incidents".