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Après les vins, c'est au tour des spiritueux d'être visés par les taxes douanières américaines, et notamment le cognac. Un coup dur pour les producteurs après une année 2020 déjà compliquée. D'autant que États-Unis sont le premier marché mondial pour ce célèbre alcool. Le gouvernement français a d'ores et déjà condamné la sanction américaine. 
INTERVIEW

Pour eux, l’année 2020 aura été pénible jusqu’au bout… Les producteurs de Cognac ont appris jeudi qu’ils étaient concernés par une nouvelle taxe américaine. Un droit de douane de 25% décidé par l’administration Trump à trois semaines de la passation de pouvoirs avec Joe Biden. Une mesure de rétorsion qui s'inscrit dans le cadre d'un vieux litige commercial entre Boeing et Airbus. Jusqu'ici, seuls les vins de moins de 14% étaient concernés par cette taxe. Mais jeudi, le représentant américain au Commerce a levé cette limite. Résultat, le cognac français, si prisé aux États-Unis, sera soumis, à partir du 12 janvier, à des droits de douanes supplémentaires.

Les producteurs de Cognac sont inquiets

Pour les producteurs de Cognac, c’est l’incompréhension. "On s'attendait pas du tout à ça. On pensait arriver à passer entre les gouttes jusqu'au bout. C'est hallucinant d'être pris en otage pour des histoires de gros sous d'aéronautique qui ne concernent pas du tout la viticulture", déplore Jean Pasquet. Gérant des Cognac Pasquet, il exporte 10% de sa production aux États-Unis. Avec cette nouvelle taxe, le prix de ses bouteilles va augmenter de quelques dollars. Et c’est forcément mauvais signe pour les affaires.

"Ça fait un peu plus de dix ans qu'on travaille aux États-Unis, on a une belle marge de progression et on a des projets là-bas pour développer notre activité. Ça remet en question pas mal de choses pour nous, au moins pour 2021", regrette Jean Pasquet. Il ne place d'ailleurs qu'un mince espoir dans la transition entre Trump et Biden. "Le cognac est implanté depuis longtemps aux États-Unis, on a besoin de relations commerciales sereines. Peut-être que le prochain président y remédiera. Mais même si c'est le cas, ça prendra au moins six mois."

Les représentants de la filière seront reçus par le gouvernement

Pour tous les producteurs, cette nouvelle taxe est un double coup dur. D’abord parce que les États-Unis sont le premier marché pour les exportations de cognac, loin devant la Chine : sous l'impulsion du leader mondial, Hennessy, une bouteille sur deux y est envoyée. Et puis, lors de cette année 2020 morose avec le Covid-19, les confinements de par le monde et les restrictions sanitaires, les États-Unis étaient un îlot de stabilité. Alors que les exportations vers l’Asie et l’Europe ont plongé, de 15% à 30% selon les régions, les États-Unis étaient le seul marché où les ventes de Cognac s'étaient non seulement maintenues mais avaient même un peu augmenté (+1% en un an).

"La présence du Cognac n'est pas menacée sur le marché américain mais ce dossier est sérieux et doit être réglé au plus vite", a réagit le Bureau national interprofessionnel du cognac jeudi. Dans la foulée, le gouvernement français a condamné la décision des États-Unis d'imposer une nouvelle taxe : "Une résolution de ce différend, qui dure depuis trop longtemps, reste urgente à trouver. Nous engagerons au plus vite les discussions avec la nouvelle administration américaine afin d’aboutir dès que possible à une solution pérenne à ce contentieux". Les représentants de la filière des vins et spiritueux seront reçus par le gouvernement dans les prochains jours.