Les syndicats de Casino craignent une "casse sociale sans précédant". 1:38
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avec AFP / Crédit photo : JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Selon l'intersyndicale du distributeur de Saint-Etienne (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC), le consortium d'investisseurs qui doivent prendre le contrôle de Casino au premier trimestre 2024 aurait affirmé "ne plus pouvoir respecter son plan initial de juillet 2023".

Casino est en grande difficulté financière et les syndicats craignent dorénavant une "casse sociale sans précédent" au sein de l'enseigne, après une réunion jeudi à Paris avec la direction et le consortium de repreneurs. Selon l'intersyndicale du distributeur de Saint-Etienne (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC), le consortium d'investisseurs qui doivent prendre le contrôle de Casino au premier trimestre 2024 aurait affirmé "ne plus pouvoir respecter son plan initial de juillet 2023".

Le groupe s'était accordé avec ses créanciers fin juillet sur une restructuration de son endettement, accompagnée d'un changement d'actionnariat avec une prise de contrôle par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor. Mais entre-temps, sa situation économique ne s'est pas améliorée et il a indiqué la semaine passée être prêt à céder des magasins si des concurrents étaient intéressés, ce qui fait craindre une "vente à la découpe" du groupe aux salariés.

L'intersyndicale doit se réunir vendredi

Les représentants du consortium, Philippe Palazzi, qui est appelé à devenir PDG de Casino une fois le changement d'actionnariat effectué, et Denis Olivennes, homme lige de Daniel Kretinsky en France, ont indiqué jeudi aux représentants syndicaux "soutenir la volonté du groupe Casino de vendre la totalité des hypermarchés et des supermarchés", selon l'intersyndicale. Cette accélération des cessions envisagées s'explique par la situation économique du groupe qui comptait encore 200.000 salariés dans le monde fin 2022, dont 50.000 en France sous des enseignes bien connues telles que Monoprix, Franprix ou Pao de Açucar au Brésil.

Les repreneurs ont réaffirmé jeudi leur engagement à prendre le contrôle du groupe, mais les organisations syndicales ont estimé que la cession des grands formats "engendrera forcément une casse sociale sans précédent sur les sièges et la logistique, ainsi que des dégradations des conditions de travail dans les magasins". Sollicité jeudi soir par l'AFP, le consortium de repreneurs et la direction actuelle n'avaient pas réagi dans l'immédiat.

Mardi, un millier de salariés du groupe Casino inquiets de l'avenir du distributeur, s'étaient déjà mobilisés à Saint-Etienne, où se trouve le siège du distributeur, et en région parisienne. L'intersyndicale, qui doit se réunir vendredi, a rappelé jeudi auprès de l'AFP que les cinq organisations la composant pourraient "envisager" de nouvelles mobilisations afin que les salariés "soient respectés et entendus". Elle entend également se rendre lundi au tribunal de commerce de Paris, où doit être examinée une demande de prolongation de la période de sauvegarde accélérée, à la veille d'un comité social et économique central de Distribution Casino France.

Une rencontre avec les repreneurs prévue le 19 décembre

Une autre rencontre avec les représentants des repreneurs est par ailleurs prévue le 19 décembre à Saint-Etienne. Malgré la situation critique de Casino, ses magasins suscitent des convoitises et le groupe dit avoir reçu plusieurs marques d'intérêt. Auchan et Intermarché sont les seuls à avoir officiellement confirmé une offre conjointe et d'ampleur. Nathalie Devienne, porte-parole (FO) de l'intersyndicale, a précisé à l'AFP que les syndicats avaient souligné qu'il faudrait "regarder aussi l'accompagnement des salariés qui vont être transférés" dans d'autres groupes que Casino si tout ou partie des magasins sont vendus.

"Il n'y a pas de perte d'emploi, mais leur situation n'aura rien à voir avec ce qu'ils ont connu avec Casino", a-t-elle déclaré. Dans ce contexte d'incertitudes, le groupe a mis en place un "dispositif d'accompagnement et d'écoute des collaborateurs", selon une source syndicale. Jean Pastor, délégué syndical CGT du groupe Casino, se risquait mardi à une estimation du nombre d'emplois menacés : "vous prenez le siège, 2.000 salariés, vous prenez les huit entrepôts qui partent, on fait des supputations, avec 300 par entrepôt : 2.400. Ça fait 4.400, on va parler à terme, peut-être, de 6.000 emplois directs", à quoi s'ajoutent des emplois indirects.