Budget 2026 : vers la fin de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités ?
Pour ramener le déficit public à 4,6 % du PIB, le gouvernement prévoit 40 milliards d’euros d’économies d'ici à 2026. Dans le viseur : la niche fiscale des retraités, un abattement vieux de cinquante ans qui pourrait disparaître. Une mesure jugée efficace par certains, mais vivement critiquée par les syndicats.
Un plan d’économies à 40 milliards d’euros pour ramener le déficit public à 4,6 % du PIB via le budget 2026… Et des pistes qui se précisent. Il y a quelques jours, la ministre déléguée aux Comptes publics, Amélie de Montchalin a ouvert la porte à la suppression de l’abattement fiscal de 10 % dont bénéficient les retraités.
Il s’agit d’une niche fiscale créée y a près de 50 ans sur le modèle de l’abattement pour frais professionnels. Objectif améliorer le niveau de vie des retraités et les aider à supporter leurs frais de santé. Aujourd’hui, l’ensemble des retraités imposables, environ 8 millions de personnes, bénéficient de cette déduction fiscale plafonnée à 4.400 euros par foyer.
Un gain estimé à 5 milliards d’euros pour l’État
Supprimer cette niche offrirait à l’État un surplus de recettes fiscales, comme l’explique Bruno Chrétien, président de l’Institut de la protection sociale.
"On est sur une mesure qui permettrait de supprimer un peu moins de 5 milliards. Donc, on est à peu près à 12 % des économies qui sont recherchées par le gouvernement, à savoir les 40 milliards annoncés par le gouvernement. La mesure, elle a un avantage, les gens modestes ne sont pas impactés, seuls sont impactés les gens aisés", détaille-t-il.
Autre argument des partisans de cette mesure : le niveau de vie moyen des retraités français est supérieur à celui de nos voisins européens. Il est même équivalent à celui des actifs, qui cotisent pourtant beaucoup plus que leurs aînés.
Une idée contestée par les syndicats
Et pourtant, la fin de l’abattement fiscale est loin d’être consensuelle. La plupart des partis et des syndicats la rejettent, à l’image de Christelle Thieffine, secrétaire confédérale de la CFE CGC.
"Les retraités paient plein pot la santé, leur mutuelle, ils n’ont pas de participation de l’employeur. Cet abattement de 10 % permet de faire face. Je rappellerai aussi qu’on a beaucoup de retraités bénévoles, ça permet de faire face à des frais", explique-t-elle.
Après le crédit d’impôt emploi à domicile, déclaré intouchable par Amélie de Montchalin, l’abattement des retraités est la deuxième niche fiscale la plus coûteuse pour l’État.