À Toulouse, les gilets jaunes ont laissé des traces dans la trésorerie des commerçants

La "Ville rose" a été l'un des bastions de la grogne des "gilets jaunes", les manifestations y étaient donc récurrentes.
La "Ville rose" a été l'un des bastions de la grogne des "gilets jaunes", les manifestations y étaient donc récurrentes. © AFP
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Benjamin Peter, édité par Ugo Pascolo , modifié à
REPORTAGE - À Toulouse, l'un des bastions des "gilets jaunes", des dizaines de boutiques ne sont pas encore relevées de la très mauvaise période des fêtes de fin d'année occasionnée par les nombreux samedis de mobilisation.
REPORTAGE

C'est le week-end anniversaire de la première manifestation des "gilets jaunes". Un an après le début de cette mobilisation hors normes, plusieurs cortèges sont annoncés à Paris, Lyon, Nice, Bordeaux ou Toulouse. La ville était l'un des bastions du mouvement, qui a arpenté les rues chaque samedi avec son lot de violences, obligeant la plupart des commerçants à fermer boutique et occasionnant des problèmes de trésorerie qui se ressentent encore aujourd'hui.

"Ça s'est traduit par un licenciement : on était trois, on n'est plus que deux", commente Lucas, opticien toulousain qui a accumulé un peu plus de pertes à chaque nouvel acte des "gilets jaunes". Si au début du mouvement, le jeune homme avait deux points de vente dans la "Ville rose", il confie à Europe 1 qu'il "est en train de vendre le second". Une situation difficile qui a une autre conséquence : "Ça fait trois mois qu'on ne se paye pas. En un an, on a fait un grand pas en avant, et deux en arrière", résume-t-il. Et Lucas n'est pas le seul à se retrouver en difficulté puisqu'en tout, ce sont 850 commerces toulousains qui ont fait appel à la cellule de crise spéciale créée par la CCI.

"58 entreprises assignées au tribunal de commerce en octobre"

"Certains ont pu bénéficier d'un échelonnement, d'autres d'un chômage partiel, mais on arrive au bout des possibilités d'accompagnement", juge au micro d'Europe 1 Jean-Marc Martinez, le président de la fédération des commerçants, artisans et professionnels de Toulouse. "Il y a dans les échelonnements un moratoire pour les dettes fiscales ou sociales, mais certaines entreprises n'ont pas pu faire face et automatiquement, les institutions assignent", explique-t-il. D'après lui, rien que pour le mois d'octobre, ce sont "58 entreprises" qui ont été assignées au tribunal de commerce. "Et on risque surtout d'avoir une vague importante dans les mois qui viennent", souffle-t-il. 

Tandis que les "gilets jaunes" toulousains veulent fêter "un an de lutte" et comptent reprendre les ronds-points, "comme au début", les commerçants, eux, espèrent à l'inverse que le mouvement ne va pas repartir. L'un d'entre eux confie même qu'il ne pourra pas faire face à un deuxième Noël aussi mauvais.