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François Coulon, à Morlaix, édité par Rémi Duchemin
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mercredi sous une fine pluie à Morlaix devant le site Hop!, filiale régionale d'Air France, pour protester contre la fermeture du site. Sur place, la détermination à se battre pour sauver un maximum des 276 emplois le disputait à l’abattement.
REPORTAGE

C'est une ville déjà sinistrée, avec un taux de chômage dépassant les 20%. Morlaix, dans le Finistère, est sous le choc depuis les annonces d'Air France. Les emplois des 276 salariés du centre de maintenance de la filiale régionale Hop! devraient disparaître. La fermeture du site est prévue d'ici 2023 et ce sera le clap de fin d’un demi-siècle d'histoire aéronautique dans la commune. Alors habitants, élus et salariés se mobilisent mercredi, avec manifestation et comité d'accueil pour le directeur de l'entreprise.

Ils étaient ainsi plusieurs centaines à faire dans la matinée une haie de déshonneur au directeur général de Hop!, venu présenter le plan de condamnation du site. Chez les 276 salariés très qualifiés, l’écœurement est majuscule. "C’est un sentiment de dégoût, un sentiment d’injustice totale, parce qu’on a sacrifié nos familles", réagit Eddy, 48 ans, père de trois enfants. "On fait de la maintenance sur avion, on a des vies en jeu, comme les pilotes. Et on nous laisse sur le carreau."

Ce sont désormais les conséquences humaines que craint ce chef de projet avion. "Mes enfants, ils ne comprennent pas, parce qu’on a toujours dit qu’on était les meilleurs et on ferme, alors ils ne comprennent pas trop", insiste Eddy. "Tous les gens ne sont pas bien dans leur tête. Il y en a qui sont sous cachets. Ce qui se passe ici c’est vraiment grave. Nos politiciens ils nous prennent pour des cons, et encore plus la Bretagne. Donc maintenant ça commence à suffire."

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Devant les grilles de Hop!, des dizaines de croix ont été plantées dans l’herbe et la liste de tous les salariés sacrifiés par Air France a été placardée sur les grilles. Le nouveau maire socialiste de Morlaix Jean-Paul Vermot ne s’avoue pas vaincu. "Oui, ce territoire sera prêt à se lever pour sauver ses emplois", prévient l’élu. Tel est le mot d’ordre : "Nous ne lâcherons rien". Ce mercredi matin, la pugnacité prenait encore le pas sur l’abattement.