Pourquoi les marchés dépriment

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Bourses en chute, notes de pays abaissées, crainte de récession alimentent leur spleen.

L’été 2011 n’aura pas été morose pour les seuls vacanciers : le monde économique voit également les nuages s’accumuler au loin et envisagent des mois à venir difficiles. Censés ne s’attarder que sur les chiffres, les opérateurs de marché prennent aussi en compte l’ambiance et celle-ci est mauvaise : portées par les comportements moutonniers, les bourses flanchent. Europe1.fr vous explique les raisons de la déprime.

Les Etats-Unis n’ont obtenu qu’un sursis

Si l’adoption d’un plan d’urgence a permis aux Etats-Unis de sortir de la zone rouge, le répit ne sera que de courte durée. La première puissance mondiale vit au-dessus de ses moyens depuis des décennies et n’est jamais parvenu à régler le problème : les accords de Bretton-Woods, qui encadraient les échanges monétaires, ont éclaté à cause de la tendance des Etats-Unis à faire tourner la planche à billets.

Au début des années 70, le dollar a été plusieurs fois dévalué mais le poids géostratégique des Etats-Unis est tel que sa monnaie est resté incontournable, faisant office d’étalon. Avec la crise de la dette américaine et le renforcement d'une gouvernance multipolaire, c’est donc l’une des principales boussoles du système mondial qui se dérègle.

Les agences de notation pessimistes

Signe que l'accord américain est fragile, l'agence de notation Moody's a assorti la note des Etats-Unis d'une "perspective négative", comme l’avait fait Standard & Poor’s il y a trois mois. Le pays pourrait perdre à moyen terme son triple A, la meilleure note possible, qui permet au pays d'emprunter à des taux très bas.

Si les agences de notations sont pessimistes, c’est qu’après le déficit américain, pour lequel une solution à très court terme a été trouvée, c’est désormais la croissance qui inquiète. Les perspectives ne sont donc pas bonnes outre-Atlantique, mais aussi en Europe, alimentant les craintes des marchés financiers.

Perdus, les marchés s’inquiètent

Déficit et dette abyssaux outre-Atlantique, perte de confiance envers le sacro-saint dollar, crainte d'une possible récession et crise de la dette en Europe : les mauvais indicateurs se multiplient. Conséquence : les marchés se montrent fébriles et hésitent à investir sur les marchés en actions ou à prêter aux pays jugés fragiles, Grèce en tête.

Les principaux indices boursiers ont donc accéléré ces derniers jours leur chute, si bien qu’en trois mois, le CAC 40 a chuté de 14,55%, le Dow Jones de 7,35%, le Nasdaq de 6% et l’Euronext 19,25%. Pour les indices de pays comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne ou encore l'Italie, la chute est encore plus brutale.

L’appel du gain faiblit sur les marchés

Signe supplémentaire de la tension ambiante, le cours de l’or, valeur refuge par excellence quand on n’a plus confiance dans les investissements dématérialisées, a battu un nouveau record : il a atteint mardi 1.660 dollars l'once.

Autre exemple : un prêt à l’Etat allemand, qui prend la forme d’un achat de Bund, rapporte désormais moins que l’inflation : 2,395% d’intérêt, contre 2,4% d’inflation. En clair : l’investisseur ne gagne rien en prêtant à l’Allemagne. Ces derniers se ruent pourtant sur le Bund et consentent à ce sacrifice car ils savent qu’ils ne perdront pas leur argent. Si les marchés préfèrent la sécurité à l’appât du gain, c’est que les prochains mois s’annoncent difficiles.