Pourquoi ça bout chez les laitiers

Selon les informations d'Europe1, plusieurs centaines de producteurs de laits vont en effet se rassembler jeudi dans les Deux-Sèvres.
Selon les informations d'Europe1, plusieurs centaines de producteurs de laits vont en effet se rassembler jeudi dans les Deux-Sèvres. © MAXPPP
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avec Pascal Berthelot , modifié à
Des centaines de producteurs s'apprêtent à déverser 50.000 litres de lait dans les Deux-Sèvres.

La tasse est pleine et les producteurs de lait n'en peuvent plus. Selon les informations d'Europe1, plusieurs centaines d'éleveurs vont se rassembler jeudi dans les Deux-Sèvres. Et comme il y a trois ans, ils ont prévu de déverser plus de 50.000 litres de leur production dans un champ. "Nous sommes en situation d'urgence", prévient la FNSEA de Poitou-Charente. Et leur colère s'étend à tout le territoire. Il y a deux jours, c'est en Bourgogne que les agriculteurs avaient également lancé un appel.

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Le diagnostic des éleveurs. "On travaille pour rien, pas un sous. Ce n'est même plus la peine de se lever le matin", gronde Pascal, un producteur des Deux-Sèvres. "Ce n'est plus la peine de se crever à traire les vaches. Travailler ce n'est plus gagner de l'argent, c'est en dépenser", tempête-t-il au micro d'Europe1. "La situation est pressante, poursuit l'éleveur. On est de plus en plus nombreux à vouloir quitter le métier. En Poitou-Charentes, 22 fermes viennent de mettre la clé sous la porte. C'est terrible pour une région si bien équipée, riche en AOC. Et ce n'est que le début de la misère."

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La cause de la grogne. La raison de cette chute de rentabilité, selon les producteurs, vient de la baisse des prix, auxquels les industriels et les coopératives laitières leur rachètent le lait. La collecte de lait de vache en France a atteint son plus haut niveau depuis près d'un quart de siècle au cours de l'année 2011/2012, avec 24 milliards de litres collectés. Résultats : les industriels annoncent les uns après les autres une baisse du prix de rachat.

Sodiaal Union (marques Yoplait, Candia), premier groupe coopératif français, a décidé fin août de baisser le prix de 5 euros par 1 000 litres "en raison d'un déséquilibre entre l'offre et la demande", renseigne par exemple France 3. Il a été suivi par Lactalis (Lactel, Président), premier groupe privé laitier, qui ne veut pas "perdre de la compétitivité". Or, ces deux groupes représentent, à eux seuls, environ 40% du lait collecté en France. En Poitou-Charentes, la coopérative Terra Lacta a elle aussi informé que le lait produit sur cette fin d'année serait payé de 280 à 290 euros les 1.000 litres soit de 20 à 25 euros de moins que le prix indicateur de marché.

"Un mépris des collecteurs pour les éleveurs"

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Et le pire est peut-être à venir. "Mon revenu va passer à la trappe. Et cela va encore s'aggraver avec les prix des matières premières qui flambent ",  s'inquiète Pascal. "La situation devient insupportable pour les éleveurs qui doivent faire face à l'augmentation des charges de l'aliment, estimée à 30 euros les 1.000 litres", dénonce la FNSEA Poitou-Charentes, dans la Nouvelle République. "Cela témoigne du mépris des collecteurs pour les éleveurs laitiers, confrontés à l'explosion des coûts", dénonçait également la semaine dernière la Confédération paysanne.

Que faire? Face à cela, certains réclament plus de contraintes des industriels sur la fixation des prix. "La mise en œuvre de nouveaux éléments fixant le prix du lait ne peut se faire de manière unilatérale sans entrer en négociation avec les représentants des producteurs", scande ainsi la Fédération nationale des producteurs de lait, qui compte même saisir le médiateur des négociations commerciales dans le cas de Lactalis.