Medef : Pierre Gattaz et l'"exaspération terrible" des patrons

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avec François Geffrier , modifié à
INTERVIEW E1 - "Nous n’en pouvons plus, nous sommes asphyxiés par les charges", a déclaré Pierre Gattaz, président du Medef, lundi matin sur Europe 1.

Chose rare, les chefs d'entreprises ont prévu de manifester toute la semaine. Mais pourquoi les patrons vont-ils battre le pavé ? "Car nous n’en pouvons plus, nous sommes asphyxiés par les charges. Il y a un ras-le-bol, une exaspération terrible. Il faut écouter les chefs d'entreprises", a réagi Pierre Gattaz, président du Medef, lundi matin sur Europe 1. Avant d'ajouter : "il faut être pédagogique, il faut que nos petits, moyens et grands patrons s’adressent aux élus, aux députés, aux citoyens pour leur expliquer des cas concrets de non-possibilité d’application de certaines dispositions".

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Un "ras-le-bol" d'abord fiscal. "Avec la CGPME, l’UPA, les artisans, et d’autres fédérations, nous exprimons un ras-le-bol. Nous voulons l’exprimer par des témoignages concrets du terrain. Ras-le-bol sur une fiscalité qui continue d’augmenter car les taxes, à l’heure où je vous parle, continuent d’augmenter, contrairement aux promesses du Pacte de responsabilité", a précisé le président du Medef.

Avant d'ajouter : "en 2015, la fiscalité aura augmenté depuis 2010 de l’ordre de 42 milliards : 21 milliards de la responsabilité de Sarkozy-Fillon et 21 milliards de la responsabilité de François Hollande et de ses gouvernements". Ce qui fait dire à Pierre Gattaz que "ce ne sont pas du tout des manifestations politiques, notre mouvement est totalement apolitique. Bien sûr, nous nous adressons au gouvernement, celui qui est en place".

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Mais aussi le refus de nouvelles règles. "Deuxièmement, nous voulons exprimer un ras-le-bol par rapport à des dispositifs qui sont anti-économiques, qui apportent des coûts sur le travail, de la complexité", a-t-il ajouté. Et Pierre Gattaz de poursuivre : "je demande en effet de restaurer la confiance. Restaurer la confiance, cela veut dire que pour la loi pénibilité et pour la loi Hamon, il faut revoir ces dispositifs, les surseoir, voire les supprimer". "Il faut qu’ils respectent leur parole. Il y a de belles paroles de simplification, de cohérence, de baisse du coût du travail. Et bien, les dispositifs Hamon et de pénibilité sont à l’envers de ces paroles", a-t-il souligné.

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Le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, a tenu le même discours lundi matin sur BFM Business : à ses yeux, la loi sur la pénibilité est "inapplicable. (...) Inapplicable, ça veut dire que c'est une loi qui sera bafouée". Et le secrétaire général de la CGPME, Jean-Eudes du Mesnil, ne disait rien d'autre en ciblant trois obstacles pour les entrepreneurs : "le compte pénibilité, l'interdiction d'embaucher quelqu'un moins de 24 heures par semaine et l'obligation d'informer les salariés en cas de cession d'entreprise".

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L'administratif, un puits sans fond. Dernier motif de grogne des patrons, les démarches administratives de plus en plus chronophages. Ce qui irrite passablement Laurent Garnier, qui a lancé en 2010 sa société de conseil en informatique à Montigny-le-Bretonneux, dans les Yvelines : "Au début, je passais 80% de mon temps à faire de l'administratif. A un moment donné, je trouve quelqu'un qui peut m'aider... et aujourd'hui j'ai encore plus d'administratif qu'avant. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi on rajoute sans arrêt des tas de lois. Quand j'entends 'simplification administrative', je sais que cela va être pire", a-t-il témoigné sur Europe 1.

"J'ai l'impression qu'on triche avec moi : je changerais les règles en pleine partie de Monopoly avec un enfant de 6 ans, il me jetterait le tableau de jeu à la figure", a-t-il poursuivi, avant d'ajouter : "pendant ce temps-là, ce qu'il faut comprendre, c'est que je ne vais pas chercher de nouveaux clients. Je ne vais pas développer mon business alors que je suis sur un marché où je sais qu'il y a une demande, je sais que la demande est là". 

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Slogans et cadenas. Toutes ces raisons font que les chefs d'entreprises ont prévu de manifester cette semaine, à commencer par Paris et Toulouse lundi. Du côté de la CGPME, on attend entre 2.000 et 3.000 personnes à Paris, et 1.500 à Toulouse, derrière le slogan "PME/TPE CadenASSEZ! Libérez nos entreprises!". Allusion à la phrase "J'aime l'entreprise" du Premier ministre Manuel Valls, les manifestants sont invités à se munir d'un cadenas, "à la fois une déclaration d'amour et en même temps un moyen, quand vous êtes liés, de ne pas pouvoir s'en sortir", commente le secrétaire général de la CGPME, Jean-Eudes du Mesnil.

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Pierre Gattaz :

Pierre Gattaz : "La fiscalité a augmenté de 42...par Europe1fr