Mini-Smic, fin des 35h, moins de jours fériés : le monde rêvé du Medef

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avec agences , modifié à
A LA DEMANDE - L’organisation patronale a dévoilé mercredi son programme censé permettre la création d'un million d'emplois. Polémique assurée.

Certaines propositions avaient déjà fuité mais c’est désormais officiel : le Medef a dévoilé mercredi son programme censé permettre la création d'un million d'emplois. Un document d’une centaine de pages pour un objectif clair : tourner la page du programme du Conseil national de la Résistance, à la base de notre modèle social. "Notre modèle économique et social, hérité de la Libération et basé sur le modèle des Trente Glorieuses, a vécu", estime le Medef, avant de passer aux propositions. En voici les principales.

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Abandonner les 35 heures dès que possible. Le Medef veut "revoir le principe d'une durée légale imposée à toutes les entreprises" afin de "prendre en compte la diversité des situations (...) et permettre la fixation négociée d'une durée du travail, au niveau de l'entreprise". Ou au niveau des branches professionnelles pour les PME et TPE.

"Il faut être très clair, dans notre document définitif, nous ne remettons pas en cause les 35 heures", a assuré Pierre Gattaz. Ce qui est en principe vrai, sauf que les 35 heures ne s’appliqueraient qu’en dernier ressort,  si l’entreprise ne l’a pas remis en cause. Ce qui sera, dans les faits, très tentant pour elle.

Reculer l’âge de départ à la retraite. La dernière réforme, adoptée en 2014, risque de rapidement montrer ses limites. Le Medef prône donc le "recul de l'âge légal de départ à la retraite pour tenir compte de l'allongement de l'espérance de vie, comme cela a été pratiqué dans la majorité des pays".

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Instaurer un mini-Smic pour les chômeurs de longue durée. Le patronat souhaite "travailler sur un cadre transitoire d'accès à l'emploi, destiné à certaines populations très éloignées de l'emploi, par exemple sous la forme de contrats aidés destinés aux entreprises". En clair, l’entreprise paierait moins que le Smic et l’Etat verserait la différence. Pour rappel, le Smic est déjà largement subventionné par l’Etat, qui offre pour ce niveau de rémunération de nombreuses exonérations de charges. Une mesure que le Medef aimerait appliquer aux personnes "qui n'ont pas travaillé depuis un an ou deux ans voire plus", sachant qu’un chômeur reste en moyenne 14 mois sans emploi, selon l’Insee.

Repenser l’éducation au service des entreprises. La divergence de points de vue est connue : les enseignants estiment former des citoyens, les entreprises préféreraient des travailleurs qualifiés.  Le Medef appelle donc de ses vœux une éducation moins "scolaire" et veut "revaloriser l'apprentissage (...) et mener les réformes structurelles permettant d'associer les entreprises à l'élaboration des filières". Sans oublier à un appel à renforcer la diversité dans les grandes écoles.

Essayer le gaz de schiste. Pour le patronat, il faut "favoriser un développement ambitieux de la recherche et de l'innovation en matière d'énergie, et notamment autoriser la recherche sur l'exploitation des gaz de schiste en France".

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Instaurer des contrats de projet. Le Medef souhaite aussi "mettre en oeuvre, pour l'ensemble des secteurs, un 'contrat de projet' de droit commun, sur le modèle du contrat de chantier existant dans le BTP", à durée indéterminée et prenant fin une fois le projet réalisé.

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Supprimer deux jours fériés. Autre piste évoquée, "supprimer deux jours fériés par an permettrait d'allonger la durée annuelle travaillée de 1,2 jour, ce qui représente environ 0,9 % de PIB" et "100.000 emplois supplémentaires". Un chiffre que contestent les économistes qui soulignent que ce calcul ne tient pas compte de réalités économiques telles que l'anticipation des jours fériés par les entreprises, qui accélèrent la cadence avant et après, gommant ainsi grandement l'effet du congé, et du fait que les loisirs créent eux aussi de la richesse.

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Réformer la formation professionnelle. La formation professionnelle "souffre de contraintes trop rigides pesant sur les entreprises, soumises à une obligation de dépenser" plutôt que de former. Et le Medef d’estimer que "150.000 recrutements ont été abandonnés en 2013 pour cause d'inadéquation des compétences. (...) 240.000 emplois peuvent par ailleurs être créés en 5 ans dans les métiers de demain adaptés aux entreprises innovantes".

Faciliter le travail en soirée et le dimanche. Les chefs d’entreprises souhaitent "permettre, en accord avec les salariés qui le désirent, l'ouverture le soir et le dimanche". Une réforme sur laquelle travaille justement le gouvernement Valls.

Et de nombreuses autres pistes. L’objet de cet article n’est pas d’être exhaustif mais sachez que le Medef souhaite aussi : accélérer la mise en place de la flexisecurité, harmoniser la fiscalité des entreprises au niveau européen, exonérer d’ISF les actions d’entreprises, ou encore revoir les seuils sociaux.